En cette fin de mois de mai 1758, la vie s'écoulait paisiblement dans ce petit village d'Allemagne du Nord, ou cohabitait tant bien que mal une petite communauté faite de protestants et de catholiques. C'est d'ailleurs le seul village à comporter un temple et une église. Pour ne pas froisser les orgueils et convictions des uns et des autres, les ornements religieux ont été enlevés des deux bâtiments religieux, concourant ainsi depuis plus de cent ans à conserver un fragile équilibre, né de la Guerre de Trente Ans.
Cette tranquillité fut troublée en cette matinée printannière par un fort parti de hussards et de grenzers hongrois, en reconnaissance dans cette jolie vallée. En effet, l'armée du Duc Von Kourkouron était campée à quelques kilomètres de là, près de Starhemberg. Après le quota réglementaire en vigueur chez les hussards, de viols, pillages, dégradations, et autres dépravations en tout genre, en résumé après avoir pacifié la zone, les hussards commencèrent à essaimer tout autour à la recherche de l'armée hesso-hanovrienne. Et oui, après le réconfort, le travail…
Deux jours plus tard, ce furent de curieux hommes tout de jupes vêtus qui arrivèrent au village, surprenant les grenzers, éliminant certains d'entre eux, en capturant d'autres, et finalement dispersant le parti hongrois. Après une deuxième opération de pacification, dont nous épargnerons les détails ici afin de ne pas heurter la sensibilité de nos plus prudes lecteurs, les montagnards écossais partirent pour s'installer durablement dans le village.
C'était sans compter sur le Prince Fafa Von Chti, qui à la tête de l'avant-garde de l'armée impériale, surpris les écossais, les chassa du village et s'installa avec ses troupes régulières et irrégulières dans la vallée. Le village n'étant pas pourvu de pensionnat pour jeunes filles au pair, pensionnats que le vil prince affectionnait tant, une troisième opération de pacification prit place.
Deux jours après, le 7 juin, les reconnaissances indiquaient que deux armées convergaient vers Unter-Papestan. La première, l'armée alliée, était commandée par le duc Von Kourkourön, et était composée de hanovriens et hessois majoritairement, plus quelques insulaires et brunswickois. La seconde, l'armée impériale, était emmenée par le duo infernal, l'Achiduc Tiziberg et le prince Fafa. Le premier commandait l'armée, le second avait la main sur toute la cavalerie.
Le 9 juin, en fin d'après-midi, un fort parti de cavalerie anglaise s'approchât du village, et décidât, après avoir mis pied à terre et baïonnette au canon, de chasser les avant-postes impériaux. Ce fut chose faite an un clin d'œil. Mais l'armée impériale était proche.
En effet, les coups de feu de l'attaque anglaise avaient retenti alors que l'Archiduc Tiziberg et le prince Fafa se penchaient sur les cartes de la région, et que leur armée montait son camp pour la nuit. Les hongrois revinrent prestement raconter leur mésaventure au camp. Ayant soigneusement écouté le rapport du baron Von Lulberg, commandant l'avant-poste, l'Archiduc se tournât vers le prince Fafa. "Prends les hongrois et quelques escadrons de dragons, et va chasser ces insolents. A cette heure, ils doivent fêter leur victoire. J'ai besoin du village."
Moins de deux heures après, le prince avait repris le village, quelque peu aidé il est vrai par une opération de pacification en cours au moment où il déboula avec sa cavalerie dans le village.
Il ne put aller toute fois plus loin, l'armée anglo hanovrienne ayant établi son camp sur le plateau surplombant la vallée. Le reste de la cavalerie vint au crépuscule renforcer les effectifs dans la vallée, tandis que l'infanterie se mît en marche au point du jour pour venir prendre position.
Le 10 juin, à 10 heures du matin, les deux armées se faisaient enfin face. Le champ de bataille était comme suit :
Du coté nord, nord-est, un immense plateau aux pentes escarpées dominait une vallée, dans laquelle un petit ruisseau marécageux coulait paresseusement avant de traverser le village de Unter-Papestan, en formant un coude à 90° en sortant du marais en direction du sud.
Les deux armées s'étaient déployées. Commençons par les troupes du duc Von Kourkourön.
Sur leur gauche, dans la vallée, la cavalerie britannique, 50 escadrons en toute, chassée la veille du village, n'avait pu remonter à temps sur le plateau pour trouver une place où bivouaquer. Ils avaient donc passé la nuit dans la vallée, proche du marais.
Sur le plateau, Deux lignes d'infanterie faisaient face à l'armée impériale, 28 bataillons hessois et brunswickois en première ligne, 24 bataillons hanovriens en seconde. Enfin, à droite, le reste de la cavalerie alliée, dragons et régiments à cheval hanovriens, tenait le bout de la ligne, avec trente escadrons. Au total, 52 bataillons et 80 escadrons, soit 42000 hommes environ.
L'armée de l'archiduc Tiziberg était rangée plus au sud. A droite, face aux anglais, derrière le marais, le comte Ecezizi avait pris place avec ses escadrons de hussards, une quarantaine au total. Depuis le village, vers la droite, deux lignes d'infanterie, l'une derrière l'autre, avec 40 bataillons de fusiliers, 8 de grenadiers et quelques hongrois, peut-être 6 bataillons répartis entre le village, maintenant pacifié et déserté par ses habitants, et sur le front de l'infanterie. Derrière l'infanterie en colonne, la cavalerie du Von Burnzow, 30 escadrons de cuirassiers et de dragons et quelques bataillons légers, se tenaient en réserve, prêts à appuyer l'assaut sur la gauche alliée. Enfin, le dispositif impérial se terminait à droite par le prince Fafa, avec lui aussi 30 escadrons de dragons et cuirassiers et quelques bataillons de grenzers. Au total, l'armée impériale comptait 48 bataillons d'infanterie régulière, une vingtaine d'irréguliers, 60 escadrons de cavalerie lourde et 40 environ de hussards. 70 bataillons et 100 escadrons, dont un tiers d'irréguliers, faisaient face à l'armée alliée, soit 47000 fantassins, dont 6000 irréguliers, et 7000 cavaliers, dont 2000 hussards irréguliers.
Nous avions donc d'un côté, 42000 alliés, face à 54000 impériaux, 8000 irréguliers.
Le plan de bataille autrichien est simple, mais va s'inverser complètement au cours de la bataille. Initialement, il s'agit pour les hussards de fixer la droite ennemie (cavalerie anglaise), en tirant parti du terrain, de porter la cavalerie lourde sur la gauche ennemie pour tourner l'ennemie, pendant que l'infanterie impériale ira fixer l'ennemi au centre.
La bataille s'engage vers 10h00, au tour 2 (à Might and Reason, on teste aléatoirement le début de la bataille, tout comme la fin). L'armée autrichienne entame les hostilités, et fait avancer toute sa cavalerie par les ailes. Les hussards entrent dans les marais, ayant démonté,
et la cavalerie lourde à droite, se porte vers l'avant, vers l'extrémité gauche de la ligne de bataille alliée. L'infanterie avance plein centre, dans le but d'aller fixer le centre ennemi pendant que la cavalerie manoeuvre sur la droite.
L'armée alliée fait de même, et vient border le plateau, tandis que la seconde ligne s'est scindée en deux pour aller soutenir chaque aile.
Les hussards bordent maintenant les marais de Papestan, tenant en échec la cavalerie lourde britannique. A Might and Reason, les hussards autrichiens sont classés comme Cavalerie Irrégulière, et à ce titre, peuvent se déplacer en terrain difficile à demi-mouvement, alors que la Cavalerie Régulière ne peut pas y entrer.
Les manœuvres continuent, la seconde ligne hanovrienne se déploie pour renforcer les ailes,
mais certains généraux ne semblent pas comprendre la géniale manœuvre mise en place par le duc Von Kourkourön.
Une vue d'ensemble de la bataille, les deux infanterie de la situation à 11h30 – 12h00.
La cavalerie impériale, précédée de ses grenzers, a grimpé les hauteurs et commence à engager l'armée alliée, par sa gauche. Les premiers échanges de tirs ont lieu entre écossais et hongrois, on se fusille allègrement entre peuplades plus ou moins rustres…
L'infanterie hessoise, sur la gauche de la ligne, encaisse stoïquement les tirs de harcèlement des grenzers.
Vers treize heures, les manœuvres sont terminées, les deux infanteries se font face à face. L'Archiduc, a changé de plan. Voyant que le centre ennemi s'est affaibli, par l'envoi de la deuxième ligne sur les ailes, et qu'il devient donc impossible pour le prince Fafa de percer (ou au prix de pertes telles que l'exploitation sera inutile), l'Archiduc décide brillament, voire génialement, de faire porter à l'infanterie hessoise, dont les volées sont bien moins redoutables que celles de l'infanterie hanovrienne, le poids de l'assaut. Le centre allié, fort de 16 bataillons, plus huit occupés par la cavalerie, va recevoir le choc de 40 bataillons autrichiens, 8 étant conservés sur la gauche pour flanquer la ligne de bataille.
Voici la situation vers 14h00.
Il y a bien sur eu des couacs entre temps, comme un excès de zèle du comte Ecezizi, qui a voulu montrer à la cavalerie anglaise de quoi il était capable. Résultat, une brigade détruite, deux entamées, la dernière intacte, car ayant refuser de suivre le mouvement suicidaire qui lui avait été ordonné.
On voit qu'à la droite impériale, les troupes ont déjà bien donné.
Les valeurs sont les pertes encaissées, sachant que la moyenne de points de force tourne à 6 pour ces deux armées.
Pendant ce temps-là, la gauche impériale se fait durement engager par l'infanterie hanovrienne enfin déployée, pendant que la gauche de la ligne hessoise voit le désordre faire fluctuer les longues lignes bleues.
A 16h30, l'infanterie autrichienne a percé le centre hessois, seuls une brigade de grenadiers tient plus de 1000 mètres de front.
A la droite impériale, l'infanterie de réserve hanovrienne a rebouché le trou, la cavalerie a brillamment rempli son rôle, faire du dégât et attirer l'ennemi aux ailes.
A 17h00, le centre allié n'existe plus, mais c'est à ce moment, que la nuit commence à tomber. Dans l'obscurité naissante, les deux forces d'infanterie impériales commencent à se rabattre, l'une à gauche pour bloquer la cavalerie anglaise et une douzaine de bataillons hanovriens.
L'autre se rabat vers la droite pour achever l'armée alliée.
La cavalerie du Prince Fafa est retirée de la droite et commence à se redéployer, partie à droite de l'infanterie en train de pivoter, l'autre derrière cette infanterie pour porter le coup de grâce.
Mais les dieux de la guerre sont contre l'Archiduc (ou alors c'est le prince Fafa qui lui porte la poisse…). En trois tours, il n'y aura eu que trois impulsions, le dé 4 de fin de tour ayant à chaque fois indiqué 1… Katastrophen… L'armée alliée était à la merci, mais il eût fallu un peu plus de temps pour l'achver.
Voici la situation à la fin de la bataille, lorsque la nuit tombe.
L'armée alliés est à une demi-unité de son seuil de démoralisation, et l'armée impériale a encore 3 unités de marge…
On voit bien au premier plan l'infanterie hanovrienne et la cavalerie anglaise enfermée dans le vallon au pied du plateau ou se trouvait l'armée alliés, coincée par des marais tenus par les hussards.
La cavalerie lourde s'est redéployée an centre, pour porter l'estocade, et l'infanterie autrichienne à fait un à-droite impeccable pour pousser l'armée alliée au moral très affaibli.
On voit les pertes alliées au fond, essentiellement du hessois…
Au final, une belle bataille, jouée en prenant son temps pour discuter, manger… Comme on les aime.
Je rappelle que je serai présent à Clichy pour une démonstration participative de cette règle, le samedi et le dimanche. Inscription par mp ou mail, pour une journée ou les deux.
Unter-Papestan, 10 juin 1758
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- tizizus
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Unter-Papestan, 10 juin 1758
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Monsieur Garrison. Oooooooh, Seigneur Dieu!!!
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Re: Unter-Papestan, 10 juin 1758
Oui belle bataille difficile pour les hannovriens qui ont trop fait confiance à leurs alliés Hessois
On a passé un très bon moment
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- le samouraï fou
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Re: Unter-Papestan, 10 juin 1758
Compte rendu de bataille très attrayant !
J'en redemande !!!!
Gio
PS: Pour les hussards, tu as oublié la collection de têtes coupés attachées à leurs scelles !
J'en redemande !!!!
Gio
PS: Pour les hussards, tu as oublié la collection de têtes coupés attachées à leurs scelles !
- tizizus
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Re: Unter-Papestan, 10 juin 1758
Merci les garçons, ca fait plaisir
Je ferai des compte-rendus des batailles de Clichy, et aussi de la "revanche" du sombre duc Von Kourkourön.
Pluche
Fred
Je ferai des compte-rendus des batailles de Clichy, et aussi de la "revanche" du sombre duc Von Kourkourön.
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Monsieur Garrison. Oooooooh, Seigneur Dieu!!!
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