Le 25 avril 1915, un corps expéditionnaire franco-britannique débarque sur la presqu'île de Gallipoli (Canakale en turc), à l'entrée du détroit des Dardanelles, en Turquie.
Engagée maladroitement et avec retard, cette offensive va déboucher sur un fiasco des Alliés, face aux Turcs qui sont entrés le 1° novembre 1914 dans la Grande Guerre, aux côtés des Allemands et des Austro-Hongrois.
André Larané
Souvenir douloureux aux antipodes
Les troupes d'Australie et de Nouvelle-Zélande ont été particulièrement éprouvées lors du débarquement de Gallipoli.
Leur souvenir est commémoré tous les 25 avril en Australie et en Nouvelle-Zélande par un jour férié, l'ANZACDay (ou jour de l'ANZAC, du nom de leur détachement).

Débarquement aux Dardanelles sur la presqu'île de Gallipoli.
Une bonne idée, mais une réalisation désastreuse
Dès le mois de novembre 1914, des hommes politiques alliés ont l'idée d'une opération périphérique contre les Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, empire ottoman).
Parmi eux Lloy George, chancelier de l'Échiquier, Churchill, Premier Lord de l'Amirauté, Kitchener, ministre britannique de la Guerre et Poincaré, président de la République française.
Churchill, en particulier, défend l'idée d'un débarquement dans le détroit des Dardanelles, en vue de prendre à revers l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, de s'emparer d'Istamboul, d'éliminer la Turquie, maillon faible de l'alliance ennemie, et de rouvrir les liaisons maritimes avec les ports russes de la mer Noire.
L'idée est pertinente mais elle est freinée par les chefs militaires, en particulier le maréchal britannique French et le général Joffre, qui ont la charge du front occidental et refusent qu'on leur retire des troupes.
Le vieil amiral Fischer, adjoint de Churchill, refuse également qu'on enlève des navires à la flotte de la mer du Nord.
D'hésitation en report, on tergiverse jusqu'en février 1915.
À ce moment-là, les Turcs ont déjà commencé de fortifier leurs côtes avec l'appui efficace de conseillers allemands.

Le 19 février 1915 enfin, la flotte alliée bombarde les batteries ottomanes à l'entrée des Dardanelles, goulet de 60 kilomètres de long et 1 à 4 kilomètres de large.
Ce premier bombardement révèle les difficultés de l'opération.
Le 18 mars 1915, les Alliés lancent une opération plus consistante.
Les cuirassés de l'amiral français Émile Guépratte et du vice-amiral britannique de Robek attaquent avec fougue les défenses turques.
Deux cuirassés britanniques et un français sont coulés, quatre autres navires mis hors de combat.
Qu'à cela ne tienne ! Les amiraux sont prêts à reprendre l'offensive dès le lendemain mais ils en sont empêchés par leurs états-majors.
Au vu des piètres résultats de l'attaque navale, ceux-ci considèrent que seul un débarquement massif peut emporter la décision.
Sa préparation laisse aux Turcs et à leurs alliés allemands le temps de renforcer leurs défenses.
Le débarquement a enfin lieu le 25 avril 1915, sur la presqu'île de Gallipoli, à l'extrémité nord-ouest des Dardanelles.
Le corps expéditionnaire est bloqué sur la plage par les Turcs massés en nombre sur les hauteurs.
Ces troupes sont commandées par le général allemand Liman von Sanders, sous les ordres duquel se distingue le colonel puis général Moustapha Kémal.
Celui-ci arrête une deuxième tentative de débarquement en août.

D'une bataille à l'autre
Cette opération inutile aura coûté la vie à 180.000 soldats alliés dont 30.000 Français, ainsi qu'à 66.000 Turcs.
C'est un revers sérieux pour les Alliés en guerre contre les puissances centrales et leur alliée ottomane.
Résignés, les Alliés évacuent leur corps expéditionnaire et le transfèrent à partir d'octobre à Salonique, en Grèce.
Les derniers soldats quittent les Dardanelles dans la nuit du 8 au 9 janvier 1916.
La Bulgarie étant entrée le 14 octobre en guerre contre la Serbie, aux côtés des Puissances centrales, les troupes des Dardanelles, ramenées à Salonique, vont combattre cette nouvelle ennemie après avoir été amalgamées aux débris de l'armée serbe.
Sous la dénomination d'armée d'Orient, ces troupes cosmopolites vont faire du sur-place jusqu'en 1918, dans les pires conditions d'hygiène.
Ce n'est que le 15 septembre 1918 qu'elles vont enfin prendre l'offensive sous le commandement du général Franchet d'Esperey.
Elles forceront la Bulgarie à l'armistice dès le 29 septembre 1918.
Sur le flanc de la presqu'île de Gallipoli, de vastes cimetières militaires, comme ci-dessous le cimetière français, témoignent des souffrances endurées par ces corps expéditionnaires oubliés des Dardanelles et de Salonique.

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