Je suppose que lorsque vous parlez d'échelons il s'agit d'échelons refusés à droite ou à gauche.
Lors des charges de cavalerie trois formations sont possibles :
- En ligne : les escadrons sur deux rangs sont alignés coté à cote. C'est la scène qu'illustre la charge d'Eylau extrait du film « le colonel Chabert ». Les étendards flottant au loin illustrent parfaitement l'emplacement des quatre escadrons même si je suis à peu près certains que les emblèmes au nom du 1er consul n'étaient plus en service en 1807.
https://www.youtube.com/watch?v=iFKDnjjbB7o
- En colonne : les escadrons, toujours sur deux rangs, sont placés les uns derrière les autres.
La charge des scots grey extraite du « Waterloo » de Sergueï Bondartchouk illustre ce mode d'action. Là encore il y a un problème d’étendard. Leur présence sur les champs de bataille était interdit à la cavalerie anglaise. Le duc d'York craignant, à juste titre sans doute, qu'ils ne finissent comme trophées à Saint Louis des Invalides.
https://www.youtube.com/watch?v=bIDvyGifRE0
Dans les deux cas vous noterez que les cavaliers ne sont pas botte-à-botte tant il est difficile de reproduire ce que pouvaient être une charge à l'époque.
Autrefois la garde républicaine était capable d'une telle démonstration.
https://www.youtube.com/watch?v=KLb2Nmzp-pA
mais ces temps semblent aujourd'hui révolus
https://www.youtube.com/watch?v=pejARsejzkE
- En échelon : Les escadrons sont de nouveau placés les uns derrières les autres mais de façon légèrement décalée (sur la droite par exemple). On parle alors d'échelons refusés à droite. Ce dispositif est particulièrement adapté lorsque l'on aborde une infanterie formée en carré pourvu que le terrain autorise un tel déploiement.
Ce mode d'action est à rapprocher de l'ordre oblique, cher à Frédéric II. Il permet au premier escadron (du moins ses survivants) de dégager par la gauche, dans l'exemple pris et de permettre à l'escadron suivant de se présenter à son tour devant le carré.
Ainsi chaque escadron charge successivement le carré au même endroit de sorte que les fantassins qui ont délivré leur feu sur le premier d'entre eux n'ont plus le temps de recharger avant que le second escadron n'arrive sur eux. L'objectif consiste donc à harasser le carré pour obtenir son effondrement. Idéalement la cavalerie choisit l'un des angles, réputés plus fragiles comme point d'application. Les escadrons qui ont donné et ont pu dégager par la gauche se retirent en arrière pour se reformer à l'abri des tirs d'artillerie et de mousqueterie, quitte à fournir une nouvelle charge.
Ceci n’exclue pas qu'un escadron soit conservé en réserve pour fournir une contre-charge au cas où la cavalerie adverse tente de soulager son infanterie.
Tout ceci est très théorique, comme l'indique Fantassin, à la guerre le terrain commande et les espaces comme la nature de celui-ci empêchent bien souvent que l'on s'en tienne à l'application de la doctrine. Cette dernière n'est là pour donner des repères à partir desquels le chef de guerre devra nécessairement improviser.
Comme le disait en des termes choisis un général de brigade à titre temporaire (le grand Charles en l’occurrence).
Vous tentez un truc nouveau, si cela marche vous êtes un héros, vous échouez vous un êtes un couillon..
Je n'ai pas trouvé de séquence pour illustrer ce dernier mode d'action tant il est difficile de le reproduire au cinéma. En revanche je n'aurais pas de mal à vous indiquer ce qu'il ne faut pas, mais absolument pas faire avec la cavalerie
https://www.youtube.com/watch?v=97dBfdNrf9A
https://www.youtube.com/watch?v=cBiUWQ5YLQ4
S'agissant de ce dernier extrait je ne pourrais mieux conclure qu'en citant la général Pierre Joseph François Bosquet assistant à la charge de la brigade légère lors de la bataille de la Balaclava.
« C'est magnifique, mais ce n'est pas la guerre ».
On parle parfois d'art de la guerre, vous aurez sans doute compris que l'emploi de la cavalerie relève à lui seul du grand art.