J'ai indiqué à Bernard, les références d'une série télé dont les uniformes sont plutôt réussis et en particulier ceux des officiers britanniques qui mêlent parfois quelques effets civils, aux tenues réglementaires et ce afin d'illustrer mon propos. A mon sens et sous cette occurrence je trouve la série assez bien faite.
S'agissant des scénari ils sont naturellement inspirés des romans de Bernard Cornwell mais ne parviennent pas toujours à refléter la profondeur historique de ceux-ci. Je vous invite à les lire. Certains sont édités en français chez Nimrod et Movie planet. Je vous recommande en particulier les notes figurant en fin d'ouvrage. L'auteur fait alors la critique de son œuvre. Il précise de quelles récits et travaux il s'est inspiré. Il explique également les entorses faites à l'histoire et resitue par exemple la prise d'une aigle impériale non pas à Talavera comme dans son roman « l'Aigle de Sharpe » mais à Barossa par l'enseigne Keogh et le sergent Masterman du 87° of foot,. De même il replaces le sac par les troupes britanniques à Badaroz et non à Ciudad-Rodrigo comme dans le roman « la compagnie de Sharpe ».
Concernant la série elle-même les 100 minutes de chaque épisode ne suffisent pas toujours et le budget contraint nécessite certain raccourcis. Ainsi la première scène du premier épisode ou le sergent Sharpe sauve la vie de celui qui n'est encore que le général Welesley se déroule dans le roman durant la bataille de Seringapatam. La production ne pouvait pas recréer les décors et les costumes des Indes pour une unique scène qui fut donc entièrement réécrite pour se dérouler dans la péninsule ibérique là même où se situe votre ferme normande au toit de tuiles sentant l’ail.
Pour apprécier chaque épisode il faut tenir compte de cet aspect purement financier (tout le monde ne dispose pas des moyens de Sergueï Bondartchouk.) De fait la « tin red line » représentant les compagnies ou les bataillons est vraiment très très mince. Il faut être alors assez tolérant et préférer aux masses de figurant vêtus d'uniformes approximatifs, les gros plans sur des uniformes nettement plus historiques.
En ce qui concerne la bataille de Waterloo, je préfère que le plan de campagne soit deviné par Sharpe plutôt que d'assister au passage à l'ennemi d'un futur maréchal de France (Bourmont en l’occurrence) accompagné de son état-major. Les commandants de l'armée du bas Rhin et de l'armée de Hollande ne s'y sont pas trompé. Après se l'être mutuellement renvoyé, ils s'en sont vite débarrassé et l'ont l'expédier à Gand non sans lui avoir au préalable exprimé tout leur mépris.
Les auteurs nous ont également épargné l'épisode du traître Barrail qui déserte en fin de journée et prévient Wellington de l'attaque de la moyenne garde. Grace soit rendu aux romanciers et aux producteurs de nous avoir épargné pareil humiliation. Pour une fois les « Godons » comme vous les nommé se conduise en gentlemen, ne leur en tenons pas grief.
Pour ce qui est du prince Guillaume d'Orange Nassau. L'anecdote selon laquelle il fit mettre en ligne un bataillon qui fut anéanti l'instant d'après par la cavalerie française est malheureusement exacte. Le prince était tout juste âgé de 22 ans il commandait en titre l'armée du royaume de Hollande et lors de la campagne de Belgique, le 1er corps de l'armée de Hollande. Il était épaulé par d'anciens généraux d'empire tel Constant Rebecque, Chassé et Perponcher mais il ne pouvait se prévaloir auprès d'eux que de son titre et de quelques années passées comme aide de camp auprès du Duc en Espagne. Le jugement de Wellington le concernant était pour le moins lapidaire. « c'est un brave garçon et c'est tout »
Vers 18H00, alors que les français s'étaient emparé de la Haie Sainte, le prince donna l'ordre au 5° bataillon de la K.G.L. de se déployer et de marcher à l'ennemi pour dégager la ferme. Le colonel Ompteda commandant titulaire du 5° bataillon placé à la tête de la 2° brigade de la K.G.L. fit remarquer au prince la présence à proximité de celle-ci d'unités de cavalerie françaises et demanda le soutien de cavaliers coalisés. Le prince s'éloigna sans répondre mais envoya son premier aide de camp, lord Sommerset réitérer ses ordres. Le colonel Ompteda dut se résoudre à rompre le carré et à se déployer en ligne. Le régiment français qui leur faisait face se retira laissant la place aux cuirassiers qui eurent rapidement raison d'Ompteda et de ses hommes.
D'après son journal de marche, le 5° bataillon ne comptait déjà plus au début de l'action que 15 officiers, 14 sous-officiers et 277 hommes du rang. Au cours de celle-ci il perdit, 3 officiers 1 sergents 3 caporaux et 32 hommes tués, 4 officiers et 38 hommes blessés, 1 officiers, 1 sergent et 74 hommes faits prisonniers. Le colonel Ompteda figurait au nombre des victimes. En outre le bataillon avait perdu un drapeau. Ce fut vraisemblablement le derniers trophée conquit par les français. Les anglais n'ont jamais pardonné la légèreté du prince et cet épisode montre assez bien, me semble-t-il, la façon dont ils appréhendent les choses encore aujourd'hui.
Si vous êtes amateur de franche rigolade et d'anachronismes cinématographiques concernant la période révolution empire ne manquez pas les quarante minutes de décryptage de Quentin Censier et Valentin Barrier « Napoléon et le cinéma ».
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