26-11-1812 : Passage de la Bérézina (Russie).

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jacknap1948
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26-11-1812 : Passage de la Bérézina (Russie).

Message par jacknap1948 » Dim Nov 26, 2023 7:04 am

26 novembre 1812 : Passage de la Bérézina (Russie).



Le 26 novembre 1812, la Grande Armée de Napoléon I° arrive au bord de la Bérézina, un affluent du Dniepr au terme d'une anabase effroyable.

Dans un sursaut de la dernière chance, les débris de l'armée arrivent à franchir la rivière gelée.

Napoléon et sa garde rapprochée échappent ainsi à une capture par les poursuivants russes, qui eut signifié la fin de l'Empire.

Cet épisode a laissé dans le langage courant l'expression : «C'est la Bérézina !» pour désigner une entreprise vouée à l'échec.

Du point de vue des historiens, toutefois, le passage de la Bérézina doit être vu comme un succès de Napoléon, à défaut de victoire.


La Russie, dévoreuse de la Grande Armée

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Napoléon et la campagne de Russie (Alain Houot)

Quand il franchit le Niemen avec la Grande Armée, Napoléon I° cherche comme à son habitude le choc frontal avec l'armée ennemie.

Mais, tirant parti de l'espace russe, les Russes se dérobent aux attaques et insidieusement, d'étape en étape, entraînent la Grande Armée vers l'Est...


Pitoyable retraite.

La Grande Armée était entrée en Russie le 24 juin avec près de 700.000 soldats dont 300.000 Français.

Après une campagne difficile, elle était arrivée à Moscou pour en être chassée presque aussitôt par l'incendie de la ville.

Napoléon I° avait choisi de battre en retraite par le même chemin qu'à l'aller, harcelé par les troupes ennemies... et les premiers froids de l'hiver.

Le maréchal Michel Ney commande l'arrière-garde et couvre de son mieux la pitoyable retraite.

Malgré cela, en arrivant au bord de la Bérézina, l'empereur ne dispose plus que de 49.000 combattants, non compris 40.000 retardataires.

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Le 22 novembre, Napoléon apprend que les troupes qui gardaient la ville de Borissov, sur la Bérézina, ont été chassées par les Russes.

La Grande Armée ne peut plus dès lors emprunter les ponts de Borissov.

Talonnée par les 70.000 hommes de Koutouzov, elle doit néanmoins traverser la rivière au plus vite.

Survient alors l'épisode le plus dramatique de la retraite de Russie.


L'ultime défi.

Tandis que les Cosaques harcèlent les troupes démunies de tout, les pontonniers du général Eblé aménagent un passage sur la rivière gelée.

La plupart y laissent leur vie. Pendant 3 jours, ce qui reste de la Grande Armée, entrée en Russie cinq mois plus tôt, va franchir les ponts improvisés.

La glace qui recouvre habituellement la rivière en cette saison, a fondu par l'effet d'un dégel inattendu et les eaux charrient d'énormes blocs de glace.

Le général du génie Jean-Baptiste Eblé a heureusement conservé ses outils malgré les ordres de l'empereur.

En quelques heures, ses 400 pontonniers édifient deux ponts de 90 mètres de long et 5 mètres de large.

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En trois jours, les troupes franchissent la rivière pendant que le général Oudinot livre bataille aux Russes afin de faire diversion.

Un pont se brise le 27 novembre, entraînant dans les flots un grand nombre de grognards.

Il est réparé dans la soirée par les pontonniers qui se jettent dans les eaux glacées.

Au matin du 29 novembre, Eblé, qui voit les Russes approcher, met le feu à ses ouvrages.

Des milliers de traînards se noient en tentant d'échapper à l'ennemi.

Parmi eux des femmes et des enfants (cantinières, prostituées, épouses cachées...).

Au sortir de la rivière, Napoléon dispose encore de 25.000 combattants et 30.000 non-combattants.

20.000 retrouveront leurs foyers...

On évalue à 50.000 le nombre de prisonniers et de déserteurs qui feront souche en Russie.

Une grande partie des pontonniers a péri de froid dans l'eau glaciale de la Bérézina.

Six seulement survivront à la retraite et Eblé lui-même mourra d'épuisement à Königsberg.

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Sauve qui peut.

La débâcle est totale. L'Empereur rédige un Bulletin dramatique pour en informer l'opinion française.

Ce XXIX° Bulletin de la Grande Armée est un chef-d'oeuvre de propagande.

Sans mentir, il présente les événements dans une gradation habile, passant d'une «situation fâcheuse» à une «affreuse calamité» !

Il raconte les malheurs des soldats mais aussi le grand mérite de ceux qui conservent leur gaieté dans les épreuves et se termine par cette phrase, destinée à prévenir ceux qui songeraient à renverser le régime : «La santé de Sa Majesté n'a jamais été meilleure».

Napoléon lui-même abandonne ses soldats et rejoint en toute hâte Paris, où un obscur général républicain a tenté de renverser l'Empire.

Il arrive aux Tuileries le 18 décembre, deux jours après son Bulletin et à temps pour en gérer les effets.


Fabienne Manière.



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LECHEVALIER
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Re: 26-11-1812 : Passage de la Bérézina (Russie).

Message par LECHEVALIER » Dim Nov 26, 2023 12:04 pm

Napoléon I° avait choisi de battre en retraite par le même chemin qu'à l'aller, harcelé par les troupes ennemies... et les premiers froids de l'hiver.
En abandonnant Moscou, la grande armée suivit un itinéraire situé très au sud de la route empruntée à l'aller. Ces régions dévastées une première fois par le passage de l'armée russe suivit par l'armée française, avait également pâti de la politique de la terre brûlée mise en œuvre d'abord par Barclay de Tolly, puis par Kutusov. Elle ne présentaient plus guère de ressources.

L'avant garde de Kutusov menée par Doctorov arrêta le 24 octobre 1812 les troupes du vice roi Eugène qui, ayant franchi la Lougra, tentaient de déboucher de Malojaroslawetz. Le village pris et repris six fois resta entre nos mains mais Napoléon ne pouvant risquer une bataille qui en cas d'échec aurait condamné les traînards et les blessés réunit un conseil de guerre. Davout, seul, proposa une route parallèle pour gagner Smolensk, d'autres maréchaux voulurent reprendre la route suivie à l'aller. Napoléon qui avait failli être enlevé la veille par un parti de cosaque céda à leurs instances.

C'est donc non pas par choix mais par nécessité et bien mal conseillé par ses maréchaux, que Napoléon reprit la grande route de Moscou à Smolensk à la suite d'une victoire à la Pyrus.
La Grande Armée ne peut plus dès lors emprunter les ponts de Borissov. 
Elle le peut d'autant moins que les russes ont détruit LE pont de Borissov. Les opérations de réparation tentées par les français serviront de manœuvre de déception et permettront le franchissement du gué de Studianka sur les passerelles du général Eblé. Le pont est à ce point détruit que les soldats du général Voïnov durent établir, le 27 novembre un pont de bateaux pour assurer les communications entre l'amiral Tchitchakov et le comte Wittgenstein.
Du point de vue des historiens, toutefois, le passage de la Bérézina doit être vu comme un succès de Napoléon, à défaut de victoire.
A ce propos, je crois utile de signaler que L'amiral Tcitchakov, revenu de son erreur qui l'avait conduit au sud de Borissov revint le 26 novembre à hauteur du gué de Studianka. Au lieu d'attaquer la faible tête de pont française il perdit encore la journée du 27 en consultations, en tâtonnements et en préparatifs.

Encouragé par l'approche de l'armée du comte Wittgenstein il se décida à livrer bataille le 28 novembre. On vit alors des généraux le fusil à la main conduire à pied leurs colonnes, des artilleurs mettre batterie leurs grosses pièces et décimer les russes auprès du village de Brili et des cuirassiers charger à travers bois pour en chasser les tirailleurs de Sabaneïev. Les généraux Maison Doumerc et Fournier Sarlovèse ne sont que quelques uns des héros qui firent alors des prodiges pour repousser les russes. En dehors de Ney et de Maison presque tous les généraux furent mis hors de combat

Les français perdirent 5 à 6000 hommes, les russes sans doute bien davantage. La Garde n'avait pas donné. Le jour tombait il faisait -20°, les français restaient maître du champ de bataille permettant au reste de l'armée de l'armée de franchir la Bérézina.

D'aucun pourront toujours convoquer la communauté des historiens pour tenter de la contester mais cela s'appelle une victoire Madame, et même une triple victoire. Tactique tout d'abord car elle permet de conserver la tête de pont de Studianka. Opératique ensuite car elle sauve la grande armée,du moins ce qu'il en reste. Stratégique enfin car la capture de l'armée et de l'Empereur aurait entraîne la fin de l'empire et là je rejoint l'historienne en mal de napoléonfobie.
Le maréchal Michel Ney commande l'arrière-garde et couvre de son mieux la pitoyable retraite.
Non ,à ce moment de la retraite ce sont les corps du maréchal Davout et du vice Roi Eugène de Beauharnais qui assurent l'arrière-garde. Ney est placé en soutien de ces deux corps, il participe d'ailleurs à la bataille de la Bérézina. Il ne pouvait pas être tout à la fois sur la rive gauche et sur la rive droite. Il n'assurera l'arrière garde que plus tard.
pitoyable retraite.
Chacun est libre de ses opinions bien sûr mais au travers de ce que fut le passage de la Bérézina, je parlerai davantage d’héroïque retraite et à l'instar de Napoléon à la reddition de Mantoue en 1797 et d'Ulm en 1805, je crois qu'il faut savoir « rendre hommage au courage malheureux » plutôt que de tirer contre son camps en déconstruisant l'histoire. S'il faut avoir pitié de quelqu'un c'est de l'auteur de ses lignes, oh pardon l'autrice. La malheureuse qui sans doute se prétend historienne.

Le point Godwin est bientôt en vue, j'arrête ma critique. Ce texte ne mérite tout de même pas pas que j'y sacrifie toute ma matinée. :mrgreen:

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