18-06-1815 : Crépuscule à Waterloo (Belgique).

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jacknap1948
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18-06-1815 : Crépuscule à Waterloo (Belgique).

Message par jacknap1948 » Dim Juin 18, 2023 8:08 am

18 juin 1815 : Crépuscule à Waterloo (Belgique).



L'épopée napoléonienne s'achève le 18 juin 1815 à Waterloo, à quelques kilomètres au sud de Bruxelles...


Fin des Cent Jours

Onze mois après son départ pour l'île d'Elbe, où il avait tenu le rôle d'un roi d'opérette, Napoléon Bonaparte réintègre le 20 mars 1815 son palais des Tuileries.

L'Empereur réunit en toute hâte 128.000 vétérans, soit à peu près la moitié de toute l'armée française.

Il attaque les Anglais et les Prussiens en Belgique, avant qu'ils ne soient rejoints par les Autrichiens et les Russes.


La bataille

Napoléon pénètre en Belgique à la tête de ses troupes, le 15 juin, et traverse la Sambre à Charleroi en vue de se placer entre les deux armées ennemies :
– Contre les Prussiens du feld-maréchal Blücher (72 ans), il envoie son aile droite commandée par Grouchy.
– Contre les Anglais duc de Wellington (45 ans), il envoie son aile gauche commandée par le maréchal Ney.

Lui-même se tient prêt à porter secours aux uns et aux autres.

Les Prussiens sont battus le 16 juin à Ligny, entre Charleroi et Namur. Ils se retirent en bon ordre.

Napoléon ordonne à Grouchy de les poursuivre lavec 33.000 hommes et d'empêcher leur jonction avec les Anglais.

Le lendemain, les Anglais se retirent vers le nord et se retranchent solidement sur le plateau du Mont-Saint-Jean, au sud du village de Waterloo.

Enfin arrive la rencontre fatale...

Le sol est détrempé par un violent orage survenu la veille et l'artillerie française se déplace mal.

L'attaque doit être différée jusqu'à la fin de la matinée.

Les défenses anglaises se montrent d'une redoutable efficacité et les canons font des ravages dans les rangs français.

Décontenancé, Napoléon se résout à reporter son attaque sur le centre.

Image
Les Cuirassiers Français chargent les carrés Anglais par Félix Phillipoteaux (Musée Wellington à Londres).

Vers 16 heures, Ney emporte la Haie-Sainte, au centre du dispositif ennemi.

Wellington fait mine de se retirer, aussitôt, Ney charge les carrés anglais à la tête de sa cavalerie.

Las ! Les carrés résistent au choc, la cavalerie de Kellermann ne réussit pas mieux à les briser.

À la fin de la journée, Blücher et les restes de son armée débouchent de façon inattendue sur le flanc de l'armée française alors que celle-ci espérait Grouchy.


La débandade

C'est la débandade aux cris de «Trahison !».

La Garde impériale, le corps d'élite de l'armée française, n'échappe pas au sort commun à l'exception de deux bataillons de grenadiers, dont celui du général Cambronne, qui se disposent en carré et font front.

Celui-ci n'a cependant jamais prononcé le mot ni la formule que lui a prêtés la postérité («La Garde meurt et ne se rend pas !...»).

Napoléon abandonne prestement le champ de bataille, laissant le commandement à son frère Jérôme, et retourne à Paris pour sauver ce qui peut l'être de son trône.


Épilogue

Le bilan des pertes au cours de la journée du 18 juin est évalué à 40.000 Français morts, blessés ou disparus, 15.000 Anglais et 7.000 Prussiens.

Mais ce bilan demeure très incertain du fait de nombreuses désertions sur le champ de bataille.

Waterloo marque la fin de l'épopée napoléonienne, c'est aussi la dernière grande bataille «façon XVIIIe siècle».

Un demi-siècle plus tard, en Crimée, en Italie et aux États-Unis, surviendront des batailles autrement plus meurtrières, dans la boue des tranchées et sous le feu de la mitraille, préfiguration des batailles du XXe siècle.


Waterloo, morne plaine... pas tant que ça !

Le site de la bataille est aujourd'hui en partie protégé de l'urbanisation galopante de l'agglomération bruxelloise.

En son centre, on peut voir un tumulus artificiel, la Butte du Lion, érigéentre 1823 et 1826 à l'endroit présumé où le futur roi des Pays Bas a été blessé. Du haut du tertre, découvrez l'ensemble du Champ de Bataille resté intact.

Au sommet des 226 marches est juché un lion en fonte, symbole de la victoire alliée.

De façon prématurée, il «annonce le repos que l'Europe a conquis dans les plaines de Waterloo».

Deux musées valent la peine d'être visités : le musée Wellington à Waterloo et le musée de Ligny.

Tous les ans, des milliers de passionnés d'Histoire et de nostalgiques de l'Empereur se réunissent sur le champ de bataille de Waterloo pour des spectacles et une reconstitution de la bataille...

Avec l'aimable contribution de Grégory Bellemont



Une semaine d'Histoire du 12 Juin 2023 au 18 Juin 2023 avec Herodote.net
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).



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Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.

LECHEVALIER
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Re: 18-06-1815 : Crépuscule à Waterloo (Belgique).

Message par LECHEVALIER » Dim Juin 18, 2023 5:20 pm

La bataille de Waterloo est très probablement celle sur laquelle on a le plus écrit et il est bien normal que chacun puisse avoir son opinion sur le sujet.

Les charges de la cavalerie de réserve française ne sont pas la conséquence d'une feinte du Duc de Wellington, mais d'une erreur d'analyse du maréchal Ney, qu'on en juge :

L'attaque du 1er corps du général Drouet d'Erlon s'était brisé sur la « tin red line » qui dissimulée à l'abri de la contre-pente n'avait quasiment pas souffert des tirs de la grande batterie. Il est vrai que les officiers britanniques, pragmatiques, n'avaient pas craint de faire coucher leurs hommes pour les soustraire au feu de l'artillerie française.

Le chemin d'Ohain courant au sommet de la crête représentait par endroit un réel obstacle. Il s'agissait en réalité du chemin creux cher à Victor Hugo que le poète a mal situé dans son récit car comme le déplorait Wellington lorsqu'il revint sur les lieux un an plus tard, le champ de bataille avait été bouleversé pour édifier la butte du Lion. Le chemin creux situé à l'est de la chaussée de Bruxelles imposa à la division Quiot de se déporter sur la droite par une double conversion vers la division Donzelot. La formation en colonne et à demi-distance des bataillons français, ajoutée à l'empilement résultant du déport d'une division sur l'autre offrait une cible trop facile aux tirs des hommes de la 5° division de Thomas Picton.

Lorsque les dragons lourds de l'Union Brigade surgirent depuis le plateau de Mont-Saint-Jean les fantassins du 1er corps n'eurent ni le temps ni l'espace nécessaire pour manœuvrer et former les carrés. Les malheureux fantassins français redescendirent la pente plus vite qu'ils ne l'avaient gravie, littéralement « l'épée dans les reins ».

Les cavaliers anglais, fidèles à l'opinion que nourrissait Wellington à leur égard (gallop at anything, anywhere) se laissèrent entraînés par leur succès et apercevant la grande batterie poursuivirent, bien que totalement désunis, leur course pour gravirent la pente encore boueuse en direction de la Belle-Alliance. Chargée de front par la brigade du général Farine et prise de flanc par le 3° chevau-légers du colonel Martigue, la brigade du général Ponsomby se retira en désordre et avec de lourdes pertes à commencer par celle de son chef.

Alors que les survivants repassaient la crêtes vers le hameau de Mont-Saint-Jean, les fantassins de la 5° division, qui avaient suivi sur deux ou trois cent mètres les fantassins français, en faisaient de même. Les artilleurs britanniques qui avaient abandonné leurs pièces lors de l'attaque du 1er corps revinrent à elles. Or contrairement à l'artillerie française, l'artillerie britannique combat dételée. Cela signifie qu'après avoir réapprovisionné les pièces, les avant-trains furent renvoyés en arrière en direction du parc.

Le maréchal Ney qui avait mené l'attaque du 1er corps, de retour dans les lignes françaises, braqua sa lunette en direction des lignes anglaises. Ce qu'il vit alors lui laissa peu de doute sur la situation. L'infanterie, la cavalerie, et l'artillerie anglaise repassait en désordre la crête de Mont-Saint-Jean.

Ceux qui ont participé ou assisté à une reconstitution ont pu remarquer combien les armes à poudre noire dégagent de fumée. La grande batterie ayant repris son pilonnage des lignes britanniques ; le gradiant de température négatif et une quasi-absence de vent maintenait trop de fumée au niveau du sol pour avoir une vision précise des choses.

Ney est un impulsif, au sein de l'armée du Rhin, il commandait une division d'avant-garde. Il a d'ailleurs commencé sa carrière comme hussard au ci-devant régiment Colonel-général devenu 4° de l'arme. Il se fie donc à son instinct et croit que l'attaque du 1er corps bien qu'elle fut un échec a ébranlé l'armée anglaise au point que celle-ci se retire en direction de Bruxelles, incapable d'encaisser un nouvel assaut.

Napoléon avait été lui même surpris au matin du 18 juin de trouver l'armée des Pays-Bas sur ses positions de la veille. N'ayant pas effectué de reconnaissances préalables il s'en tient à ses cartes telles celle de Lecapitaine, or celles-ci ne font pas de distinction entre les bois clairs (comme la forêt de Soignes) et les forêts touffus et couvertes de broussailles. C'est en partie ce qui le conduit à déclarer à son état-major que Wellington est un mauvais général et que cette bataille sera l'affaire d'un déjeuner. Comment imaginer qu'un fin stratège accepte délibérément le combat avec un obstacle dans le dos alors qu'il pouvait encore se retirer sous couvert de la nuit. Un repli se changera immanquablement en déroute !

Pour Michel Ney c'est le « momentum », l'instant de la décision qui, si l'on sait le saisir, conduit à la victoire. Pour assurer la flanc garde du 1er corps lors de son attaque, Ney s'était vu octroyé la brigade de cuirassiers du général Dubois de Thinville, mais celle-ci ne suffira pas à bousculer l'armée alliée. C'est pourquoi il se tourne vers le général Wathier de Saint Alfonse commandant la 13° division de cavalerie de réserve afin de disposer aussi de la brigade Travers. Placé sous le commandement du général Milhaud, il refuse catégoriquement. C'est ainsi que Ney rouge de colère s'adresse à son chef, et réquisitionne le 4° corps de réserve de cavalerie tout entier.

La mise en place d'un corps complet de cavalerie n'est pas chose aisée, d'autant que Ney embarque dans l'aventure et pour des raisons bien particulières la division de cavalerie légère de la garde. Les délais préparatoires à la conduites d'une telle opération font que le moment, s'il eut jamais existé, est passé et qu'aux vues de ces préparatifs Wellington a tout le temps de former ses carrés.

L'engagement prématuré d'une part de la réserve de cavalerie n'est donc pas due, selon moi, à une feinte du commandement britannique mais bien à une erreur d'analyse du maréchal Ney et un dysfonctionnement du commandement français.

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