02-12-1804 : Sacre de NAPOLÉON I°.

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jacknap1948
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02-12-1804 : Sacre de NAPOLÉON I°.

Message par jacknap1948 » Lun Déc 02, 2024 7:52 am

2 décembre 1804 : Sacre de NAPOLÉON I°.



Le 2 décembre 1804 (11 Frimaire An XIII selon le calendrier républicain), Napoléon Bonaparte est sacré empereur des Français dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du pape Pie VII.

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Natif de Corse et simple général de la Révolution française, à peine âgé de 35 ans, il reconstitue à son profit l'Empire de Charlemagne !

Beaucoup de Français se plient à ce surprenant archaïsme.

Ils y voient le moyen d'empêcher à tout jamais le retour de l'ancienne dynastie des Capétiens.

Parmi ces Français qui craignent la restauration de l'Ancien Régime figurent les anciens députés de la Convention qui ont condamné à mort le roi Louis XVI et tous ceux qui ont acheté des biens nationaux ou se sont enrichis pendant la Révolution.

Le sacre leur offrira un répit de dix ans avant le retour de la monarchie.


De la Révolution à l'Empire.

Le 25 mars 1802, à Amiens, l'Angleterre et la France ont signé un traité de paix qui met un point final à la deuxième coalition européenne contre la France.

Napoléon Bonaparte, qui gouverne la France en dictateur avec le titre de Premier Consul, profite de la paix retrouvée pour affermir son pouvoir à l'intérieur comme à l'extérieur.

Il conclut avec le pape un concordat qui rétablit la paix religieuse à l'intérieur.

Il consolide les conquêtes de la France sur la rive gauche du Rhin et resserre les liens avec les petits États d'Allemagne et la Suisse. Il se fait aussi attribuer le Consulat à vie.

Mais l'opposition royaliste ne désarme pas pour autant, en faisant exécuter le jeune duc d'Enghien sans motif sérieux, Bonaparte terrorise celle-ci et rassure les anciens révolutionnaires.

La bourgeoisie, qu'inquiète la menace d'une restauration royaliste, adresse au Premier Consul des pétitions en vue d'instaurer l'hérédité dans sa famille comme garantie contre le retour des Bourbons.

C'est ainsi que, par le sénatus-consulte du 28 floréal An XII (18 mai 1804), le Sénat déclare :
«Article premier.
Le gouvernement de la République est confié à un empereur, qui prend le titre d'Empereur des Français.
La justice se rend, au nom de l'empereur, par les officiers qu'il institue.
«Article 2.
Napoléon Bonaparte, premier consul actuel de la République, est empereur des Français.
«Article 3.
La dignité impériale est héréditaire dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon Bonaparte, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, et à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance.
«Article 4.
Napoléon Bonaparte peut adopter les enfants ou petits-enfants de ses frères, pourvu qu'ils aient atteint l'âge de dix-huit ans accomplis, et que lui-même n'ait point d'enfants mâles au moment de l'adoption.»

Ce texte curieux, aussi appelé «Constitution de l'An XII», institue une monarchie sans abolir formellement la République.

En ressortant des archives le vieux titre d'empereur, qui renvoie à Charlemagne et à la Rome antique, il évite celui de roi, qui suscite la répulsion chez nombre d'anciens révolutionnaires.

Mais il maintient dans le flou la procédure de succession héréditaire, qui ne laisse pas d'être compliquée.

Napoléon s'en accommode car son épouse Joséphine (41 ans) l'a convaincu de sa stérilité... Il divorcera cinq ans plus tard, le 15 décembre 1809, dès qu'il aura eu la preuve du contraire, et épousera l'archiduchesse Marie-Louise (18 ans).

L'établissement de l'Empire coïncide avec le retour de la guerre. Celle-ci est déclarée trois jours plus tard, le 22 mai, à l'Angleterre.

La paix d'Amiens aura été une parenthèse juste propice à faire un empereur !


Une Cour de bric et de broc.

En attendant, dès le 19 mai 1804, Napoléon I°, empereur d'un jour, porte à la dignité de maréchal d'Empire 14 de ses généraux, dont Bernadotte, Lannes, Berthier, Murat,..., c'est la «distribution des Aigles».

Il reconstitue aussi dans son palais des Tuileries une cour à la façon de l'Ancien Régime, en octroyant des dignités ronflantes et des rentes généreuses à son entourage.

C'est ainsi que Lebrun est fait architrésorier, Louis-Philippe de Ségur, grand-maître de cérémonie, Cambacérès, archichancelier, Talleyrand, grand chambellan...

Il s'offre des insignes pour glorifier son règne : l'Aigle bien sûr et même l'abeille, vague réminiscence de l'époque de Clovis.

Ces initiatives s'ajoutant à la création de la Légion d'Honneur, deux ans plus tôt, témoignent de l'intention de l'empereur de forger une nouvelle noblesse en remplacement (ou en complément) de l'ancienne.

La «Constitution de l'An XII» est ratifiée par un plébiscite en novembre: 3.572.329 oui contre 2.579 non (rappelons que le scrutin n'est pas secret, les électeurs signant au choix le registre du oui ou celui du non).

Parmi les opposants les plus notoires figure Lazare Carnot, l'«organisateur de la victoire», resté fidèle à ses convictions républicaines.


Le pape réquisitionné.

Génie de la propagande et de la mise en scène, le nouvel empereur ne se contente pas d'une ratification de son titre par le peuple, il veut une onction religieuse pour s'aligner sur les autres empereurs du moment, le tsar de Russie et le chef du Saint Empire romain germanique, qui règne à Vienne, ainsi que pour se démarquer du prétendant des Bourbons, Louis XVIII, qui n'a pas encore reçu le sacre.

Pour le lieu, il songe à Aix-la-Chapelle, ancienne capitale de Charlemagne, désormais chef-lieu de département français, puis à Rome.

Finalement, il se rallie à Paris bien qu'il craigne les sautes d'humeur de ses habitants.

Plutôt que le Champ-de-Mars, encore palpitant des souvenirs de la Révolution, ou l'église Saint-Louis-des-Invalides, trop petite, il choisit la vénérable cathédrale Notre-Dame de Paris, l'empereur veut en faire le symbole de la réconciliation de la Nation avec son Histoire.

Foin d'un quelconque archevêque !, Napoléon exige rien moins qu'un sacre par le pape lui-même comme Charlemagne un millénaire plus tôt.

Pie VII (64 ans) hésite à se prêter à la mascarade, il s'y résout finalement avec l'espoir d'obtenir un arrangement sur les Articles organiques impunément ajoutés par Bonaparte au texte du concordat.

Partie de Rome le 2 novembre, l'escorte pontificale se fait dévaliser en route.

Le 25 novembre, enfin, Napoléon affecte de la croiser par hasard en forêt de Fontainebleau lors d'une chasse au cerf.

L'empereur salue le souverain pontife sans excès d'égards et lui fait un bout de conduite avant de le laisser poursuivre sa route jusqu'au Louvre, si l'on en croit l'écrivain Alfred de Vigny, Pie VII aurait alors murmuré, parlant de l'empereur : «Comediante, tragediante !»

La veille du sacre, Joséphine, qui veut éviter une répudiation, lui confesse qu'elle n'a été mariée que civilement à l'empereur.

Aussitôt, Pie VII fait réveiller l'empereur et impose au couple de régulariser son union devant Dieu, le mariage a lieu en catimini, sans témoins, dans la chapelle des Tuileries, pendant la nuit, en présence du cardinal Fesch, oncle de l'empereur.

En dépit de toutes les couleuvres avalées, le pape repartira bredouille, sans avoir rien obtenu de Napoléon, et les relations entre les deux hommes ne tarderont pas à se dégrader très vite...


Le sacre.

La cérémonie du sacre est ordonnancée par le peintre Jacques-Louis David (55 ans), adepte du néo-classicisme et du retour au style antique, député à la Convention et ami de Robespierre, il avait voté la mort du roi Louis XVI, rallié à Bonaparte, il devient le peintre officiel de l'Empire après l'avoir été de la Révolution.

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Avec le peintre Jean-Baptiste Isabey, David conçoit des costumes chamarrés pour les parvenus et les rudes soldats devenus maréchaux d'Empire ou dignitaires qui doivent assister au sacre, l'empereur lui-même devra traîner un manteau de 22 mètres.

Dès le matin, à partir de 6 heures, les plus hauts gradés de l'armée et de la garde nationale, suivis des dignitaires, magistrats, sénateurs... commencent à se rendre à pied de la place Dauphine à Notre-Dame pour prendre leur place dans la nef.

Le pape, à son tour, se rend à la cathédrale, acclamé par la foule.

Puis vient le tour de Napoléon et Joséphine qui quittent en carrosse leur palais des Tuileries, leur convoi compte pas moins de 25 voitures. Il est accompagné de six régiments de cavalerie.

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La cathédrale est comble, parmi les assistants du premier rang figurent beaucoup d'anciens révolutionnaires qui n'ont jamais caché leur athéisme militant.

Certains, comme Fouché, le ministre de la Police générale, se sont signalés pendant la Terreur dans des massacres ignobles d'ecclésiastiques et de religieux.

La cérémonie est quelque peu brouillonne et totalement dénuée de spiritualité et de recueillement, elle s'éternise pendant trois longues heures dans le froid vif de décembre.

Pïe VII donne l'onction à Napoléon et Joséphine, humectant d'huile sainte leur front et leurs deux mains, après la messe, il bénit les emblèmes impériaux : anneau, épée et manteau.

Le pape n'est pas au-dessus de l'empereur !, comme convenu avec le malheureux pape, Napoléon I° se couronne lui-même, debout, face à l'assistance, selon un rite carolingien, puis il couronne l'impératrice.

NB : Adolphe Thiers répandra plus tard la légende selon laquelle Napoléon, refusant d'être couronné par le pape, aurait saisi la couronne par surprise et l'aurait lui-même posée sur sa tête...

Le souverain pontife se retire dans la sacristie et, en son absence, le nouvel empereur prête serment sur l'Évangile (!) de préserver tous les acquis de la Révolution : «Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la République, de respecter et de faire respecter l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'irrévocabilité des ventes de biens nationaux, de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi, de maintenir l'institution de la Légion d'honneur, de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français».

Tandis que le cortège, passablement soulagé, quitte la cathédrale, salué par cent un coups de canon, la fanfare militaire attaque un air canaille à la mode : «Jamais je n't'ai vu comme ça / Faire des bamboches...».

Cet imprévu de quelques instants est un pied de nez au caractère sacrilège de la cérémonie, ni chrétienne ni républicaine («une capucinade», disent les soldats de la Révolution)!


Inventaire.

Le peuple et l'armée considèrent le sacre sans enthousiasme ou avec ironie.

À part Londres, en guerre contre la France, toutes les capitales européennes reconnaissent à contrecoeur le titre impérial de Napoléon, y compris Saint-Pétersbourg (Russie) qui a pris le deuil après l'exécution du duc d'Enghien.

Notons que l'archiduc d'Autriche François II de Habsbourg-Lorraine (par ailleurs titulaire du Saint Empire romain germanique) a pris lui-même le titre d'empereur d'Autriche, sous le nom de François I°, pour se rehausser face au parvenu corse.

Parmi les oppositions les plus notables, relevons celle de Ludwig van Beethoven, enthousiasmé par la Révolution française et les succès du Premier Consul, le compositeur allemand a conçu en l'honneur de ce dernier la Symphonie Bonaparte.

Apprenant le sacre, il rebaptise de dépit son œuvre Symphonie héroïque. C'est sous ce nom qu'elle est aujourd'hui appréciée.

La suite montre que le sacre n'aura en rien servi à la stabilité du nouveau régime.

En 1812, pendant la campagne de Russie, le général Malet lance le bruit de la mort de l'empereur et tente de constituer un nouveau gouvernement sans que personne ne songe à remplacer Napoléon par le petit Roi de Rome, son fils.

Il nous reste du sacre une toile grandiose, au moins par ses dimensions (6 mètres sur 9).

Elle est l'œuvre du peintre David qui a reçu de l'empereur l'ordre de fixer pour l'éternité le souvenir de cet événement, tâche dont il s'est acquitté en prenant de grandes libertés avec la réalité, jusqu'à faire figurer au centre de la toile la mère de l'empereur qui avait préféré rester en Italie plutôt que d'assister au couronnement (elle en voulait à Napoléon de s'être brouillé avec son frère Lucien, absent lui aussi, de même que Jérôme) !

En voyant cette œuvre immense dans l'atelier du peintre, deux ans après le sacre, l'empereur aurait eu ces mots : «Que cela est grand ! Ce n'est pas une peinture : on marche dans ce tableau». La toile est aujourd'hui visible au Louvre.

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Fabienne Manière.



Une semaine d'Histoire du 2 Décembre 2024 au 8 Décembre 2024 avec Herodote.net
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LECHEVALIER
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Re: 02-12-1804 : Sacre de NAPOLÉON I°.

Message par LECHEVALIER » Mar Déc 03, 2024 10:44 am

Madame Manière nous gâte à la veille de Noël, à l'évidence sa Napoléon phobie est toujours bien là.
Mais l'opposition royaliste ne désarme pas pour autant, en faisant exécuter le jeune duc d'Enghien sans motif sérieux, Bonaparte terrorise celle-ci et rassure les anciens révolutionnaires.
Bonaparte 1er consul fut l'objet de plusieurs tentatives d'attentat qui furent fomentées par les princes agissant depuis l'étranger. L'un de leur séide fut Cadoudal qui avait été condamné à mort et auquel le premier consul offrit son pardon, pourvu qu'il renonce à ses projets. Ce dernier s'étant obstiné, il n'eut d'autre choix que de l'envoyer à la guillotine. D'autres chefs chouans bénéficièrent eux aussi du pardon de l'Empereur. Ils trouveront rang dans ses armées tel Piré qui lui sera fidèle jusqu'à Waterloo, et ce traître de Bourmont qui passera à l'ennemi le 15 juin 1815 avec son état-major à la veille de l'entrée en Belgique.

Le plus dramatique de ses attentats fut sans conteste celui de la rue Saint Nicaise, la veille de Noël 1800, dont furent témoins les habitants de la capitale. Bonaparte profita de cette opportunité pour se débarrasser de son aile gauche jacobine sur laquelle le ministre de la police fit peser un temps les soupçons. La responsabilité des royalistes étant finalement avérée il se retourna vers eux. On peut au passage mesurer la duplicité du ministre de la police qui tirant ainsi les ficelles fit table rase des divers oppositions. Est-il nécessaire de préciser que cette sombre canaille n'était autre que Joseph Fouché ?

Les vrais responsables se trouvant à l'étranger, ils ne pouvaient être atteints. Le duc d'Enghien séjournant alors en territoire neutre, un parti de dragons conduit je crois par le général Savary s'en empara vivement. Le tribunal militaire présidé par le général Hulin le condamna à mort. La sentence fut exécutée promptement avant même que sa demande de grâce ne soit transmise au premier consul.

Le jeune duc d'Enghien n'était pas responsable des attentats, mais il descendait du Grand Condé et appartenait donc à la famille des Bourbons. Il était alors le seul qui puisse être immédiatement appréhendé. L'exécution du duc était un message adressé aux princes. Il fut parfaitement reçu et compris.Dés lors les attentats cessèrent de la part du camp royaliste. Le régime consulaire puis impérial reposait tout entier sur la personne de Napoléon (voir la tentative du général Malet en 1812) sa mort n'aurait pas seulement fragilisé la France mais aussi mis en péril tous les acquis de la révolution.

Max Gallo n'est pas connu comme un historien de droite. Il a pourtant commis un Napoléon en quatre volumes dans lequel, après avoir clairement exposé la situation et les différentes options se présentant à lui, il justifie l'ensemble des choix de l'Empereur.

De Gaulle disait « si la politique était une affaire de bons sentiments, une dame de charité y suffirait ». Il faudra bien que quelqu'un explique un jour à Fabienne Manière ce que peut être « la raison d'état ». Une décision moralement détestable à titre individuelle mais nécessaire au regard de la collectivité. Je renvoie ceux qui ne comprendraient pas au livre de l'ancien Président de la République François Hollande et au chapitre évoquant les « missions homo ». Aujourd’hui comme hier il appartient au chef de l'état (et à lui seul) de juger des moyens pour assurer la sécurité des personnes et des biens et défendre les intérêts et les valeurs qu'incarne le pays.
En ressortant des archives le vieux titre d'empereur, qui renvoie à Charlemagne et à la Rome antique, il évite celui de roi, qui suscite la répulsion chez nombre d'anciens révolutionnaires. 
Le titre d'Empereur était à l'époque employé pour désigner François II Empereur du saint empire romain germanique avant qu'il ne devienne un an plus tard François 1er Empereur d'Autriche, Roi de Hongrie, de Bohême et de Moravie. De même le Tzar Alexandre était Empereur de toute les Russies. En prenant ce titre Napoléon se plaçait et plaçait la France à la hauteur de ses ennemis. Madame Manière en convient, un peu plus loin, elle est donc en pleine contradiction avec elle-même.
Mais il maintient dans le flou la procédure de succession héréditaire, qui ne laisse pas d'être compliquée.
Avant la naissance du Roi de Rome, Napoléon avait un héritier en la personne de son fils adoptif, Eugène de Beauharnais général en chef et Vice-roi d'Italie. Il faut croire que ce détail avait échappé à madame Manière.
L'établissement de l'Empire coïncide avec le retour de la guerre. Celle-ci est déclarée trois jours plus tard, le 22 mai, à l'Angleterre.
Et bien non, ce n'est pas l'Empire qui a déclaré la guerre à l'Angleterre, c'est le parlement britannique qui a refusé de ratifier la paix d'Amiens et reprit les hostilités contre la France.
La paix d'Amiens aura été une parenthèse juste propice à faire un empereur !
La première campagne d'Italie avait permis au général Bonaparte de mettre un terme à la première coalition. La seconde campagne d'Italie et la victoire du général Moreau à Hohenlinden avait permis au premier consul de mettre un terme à la deuxième coalition.

Le senatus-consulte entérine le résultat du référendum qui place Napoléon Bonaparte à la tête du pays. Celui-ci s'explique par l'obtention des trois paix qu'il apporte à la France :
  • La paix extérieure avec l'étranger ;
  • La paix intérieure avec la fin des guerres de Vendée ;
  • La paix religieuse avec le concordat (1801) mais aussi la création du grand Sanhédrin (1807).
N'en déplaise à Madame Manière, Napoléon c'est la paix et c'est pour cela qu'il accède à la dignité impériale. Les français sont las de la guerre et de l'instabilité engendrée par la révolution. Ils veulent l'Empire pour la sécurité et l'empire héréditaire pour la stabilité. Les guerres qu'il dut mener par la suite, lui furent imposées par l'Angleterre qui suscita, arma et finança cinq autres coalitions contre la France. Le 18 juin 1815 dans la plaine de Waterloo Napoléon tombe face à la septième coalition.
La «Constitution de l'An XII» est ratifiée par un plébiscite en novembre: 3.572.329 oui contre 2.579 non (rappelons que le scrutin n'est pas secret, les électeurs signant au choix le registre du oui ou celui du non). 
C'était la pratique de l'époque, le fait de juger les faits et les gens au regard de la notre porte un nom : cela s'appelle l'anachronisme Madame.
L'empereur salue le souverain pontife sans excès d'égards et lui fait un bout de conduite avant de le laisser poursuivre sa route jusqu'au Louvre
Eh bien non ce n'est pas au Louvre que réside le Pape mais au château de Fontainebleau. Il n'arrivera à Paris qu'à la veille du sacre.
La veille du sacre, Joséphine, qui veut éviter une répudiation, lui confesse qu'elle n'a été mariée que civilement à l'empereur. 
Aussitôt, Pie VII fait réveiller l'empereur et impose au couple de régulariser son union devant Dieu, le mariage a lieu en catimini, sans témoins, dans la chapelle des Tuileries, pendant la nuit, en présence du cardinal Fesch, oncle de l'empereur.
A partir du 25 novembre le Pape réside durant quatre jours au château de Fontainebleau. Il y reçoit de nombreux hommages notamment celui de la future impératrice qui lui confesse n’être mariée que civilement à Napoléon. Le Pape annonce alors qu'il n'assistera pas au couronnement à moins que le couple produise un certificat de mariage catholique conforme au droit canon. Le cardinal Fesh règle l'affaire, il unit le couple dans la chapelle des tuileries, assisté du curé de Saint Germain l’Auxerrois dont dépend les palais du Louvre et des Tuileries. Les témoins sont Talleyrand Ministre des relations extérieures et le Maréchal Alexandre Berthier.
Ce n'est donc pas la veille que l'incident se produit. A aucun moment le pape ne fait réveiller Napoléon. Et si le mariage religieux se fait en petit comité il y a bien des témoins comme l'impose le droit canon dont n'est visiblement pas coutumière Madame Manière. En revanche elle excelle dans sa discipline ; trois mensonges en deux phrases. Décidément elle est en forme.

Le mariage civil ou religieux n'empêchera pas la répudiation de Joséphine, l'argument de Madame Manière était donc caduc mais qui pouvait en douter encore ?
Pïe VII donne l'onction à Napoléon et Joséphine, humectant d'huile sainte leur front et leurs deux mains, après la messe, il bénit les emblèmes impériaux : anneau, épée et manteau.
Je ne crois pas que le manteau soit au nombre des régaliens. En revanche il doit y avoir un globe surmonté d'une croix, un sceptre et une main de justice qui apparaissent bien sur les tableaux de Jean-Batiste Isabey, de Jean-Auguste Dominique Ingres et d'Alexandre Dufay dit Casanova. Ha et puis il y a peut-être une couronne impériale c'est à dire fermée. Le musée du Louvre a présenté il y a quelques années une extraordinaire exposition précisément intitulée : « les régaliens ». Dommage que madame Manière n'ait pu s'y rendre. Cela lui aurait ouvert l'esprit. Du moins pourra-t-elle se rendre au Louvre contempler les chefs d’œuvres des peintres que je viens de citer.
Le peuple et l'armée considèrent le sacre sans enthousiasme ou avec ironie.
Pure conjecture. D'ailleurs s'il en fallait une preuve il suffit de contempler le grand habit de cérémonie que se feront confectionner à leur frais les officiers des deux régiments de carabiniers qui escortent le carrosse impérial et qu'ils ne porteront qu'à cette seule occasion. Cette tenue proprement extraordinaire a fait l'objet d'un article dans le n°4 de la revue Soldats Napoléoniens de décembre 2004. Il faut croire que Madame Manière n'y était pas abonnée... dommage.
Notons que l'archiduc d'Autriche François II de Habsbourg-Lorraine (par ailleurs titulaire du Saint Empire romain germanique) a pris lui-même le titre d'empereur d'Autriche, sous le nom de François I°, pour se rehausser face au parvenu corse.
Faux Francois II porte à l'époque le titre d'Empereur du saint empire romain germanique. Ce n'est qu'un an plus tard à l'issue de la bataille d'Austerlitz et de la création de la Confédération de Rhin par Napoléon qu'il y renonce pour ne plus être que François 1er Empereur d'Autriche,Roi de Hongrie, de Bohême et de Moravie.

Tant que Fabienne Manière expose des faits, elle est dans son rôle d'historienne. Dés lors qu'elle s'en écarte elle ne l'est plus. Les quelques approximations, les erreurs et les flagrants mensonges de Madame Manière la décrédibilise aux regards de l'histoire.

Fabienne Manière peut bien avoir son opinion, elle lui appartient, aussi est-elle autorisée à la garder pour elle. En tant qu'historienne elle peut bien se réclamer du groupe Herodote. Dés lors qu'elle professe son opinion et tord les faits jusqu'au mensonge elle relève plus sûrement du groupe « Elle radote ». (c'était facile, j'ai pas pu résister) :mrgreen:

Je m'étonne que ce forum jusqu'alors de bonne tenue ouvre ses colonnes à des personnes qui de par leur propos tentent de véhiculer des « vérités alternatives » chères à Donald Trump au mépris de la réalité historique. J'en appelle donc aux responsables de ce forum pour qu'une attention particulière soit portée désormais aux écrits de cette personne avant de les diffuser.

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jacknap1948
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Re: 02-12-1804 : Sacre de NAPOLÉON I°.

Message par jacknap1948 » Mar Déc 03, 2024 12:28 pm

Je m'étonne que ce forum jusqu'alors de bonne tenue ouvre ses colonnes à des personnes qui de par leur propos tentent de véhiculer des « vérités alternatives » chères à Donald Trump au mépris de la réalité historique.
J'en appelle donc aux responsables de ce forum pour qu'une attention particulière soit portée désormais aux écrits de cette personne avant de les diffuser.
Salut mon cher Patrick. 8)
- 1° point important : Si je me permets de te tutoyer ce n'est pas pour t'ennuyer, c'est simplement parce que tu m'est très sympathique, hé oui !
- 2° point important : Je me contenterais juste de répéter une fois de plus que lorsque je cite un texte d'un auteur ou d'une auteure je ne permets surtout pas le droit de modifier ce même texte.
- 3° point important : Tes commentaires de mises au point sont un régal de précision et je souhaite grandement que tu persévères en ce sens, merci encore à Toi.
Bon appétit bonne fin d'après-midi et à plus tard.
Jacques.
À mon très grand ami Patrice († 58).
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