Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

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Thierry Melchior
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Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Thierry Melchior » Mar Jan 09, 2018 12:11 pm

Pourquoi ce titre provocateur ?
Waterloo, une victoire prusso-belge !
Ce sont les vainqueurs qui parlent le mieux de nos défaites, c'est pour ça qu'il est plus facile de trouver des relations anglo-saxonnes que françaises de la bataille de Waterloo. Bien sûr, il y a des relations en allemand mais elles sont écrites en gothique et d'autres en néerlandais mais difficiles à trouver et, surtout, à lire car le néerlandais est une langue peu pratiquée en France.
Donc, si vous désirez sortir des contes à la gloire des Anglo-Saxons je vous conseille cet article de Michel Damiens.
Vous y apprendrez que Wellington n'a jamais dit qu'il n'y avait pas de Prussiens à Waterloo ni dénigré les troupes des Pays-Bas (les Hollando-Belges), au contraire.

Dans les blés d'1,80 mètre ?
Il y a des questions récurrentes !
Est-ce qu'il y avait du maïs sur le champ de bataille de Waterloo ?
La question du maïs a été évoquée plusieurs fois dans ce forum, elle est posée par des personnes qui n'ont qu'une source anglo-saxonne à leur disposition (traduite ou non), source dans laquelle le terme « corn » du début XIXe est traduit par « maïs » au début XXIe.
Dans les rares relations françaises que j'avais pu trouver jusqu'à présent je n'ai jamais vu le mot « maïs ».
Grâce à Michel Damiens (lire son article dont je parle ci-dessus), j'ai découvert des textes en français que je ne connaissais pas (belges et néerlandais traduit en français) et, grâce à Google qui permet de chercher dans le texte, j'ai constaté que si on trouvait les mots : blé ou blés, il n'y avait aucune trace du mot « maïs » !
Bon, j'ai peut-être mal cherché, je vous engage donc à chercher dans les textes contemporains en français pour nous faire part de vos découvertes, merci par avance.

Les blés font combien de haut en 1815 ?
J'ai déjà fourni des documents et des explications à ce sujet.
Avant la mécanisation les blés pouvaient être très hauts, de 160 à 180 cm, voire 200 cm (voir ICI).
Dans « Les lettres anglaises » de H.T. Siborne, traduit de l'anglais par Ronald Billuart, Éditeur Jourdan 2009, on lit dans la lettre n° 99 (page 321) : « Je ne sais plus s'il s'agissait de blé ou d'orge mais les céréales qui s'élevaient au-dessus de nos têtes furent rapidement piétinées. »
L'officier anglais dit bien que : les céréales s'élevaient au-dessus de leurs têtes !

Alors, pourquoi les blés (et autres céréales) étaient-ils si hauts avant la mécanisation ?
La paille avait beaucoup d'usage : elle servait pour les litières d'animaux ce qui permettait d'enrichir les sols avec leur fumier ; elle servait pour rempailler les chaises voire rembourrer ou isoler les couches humaines ; elles servaient pour faire le torchis (ce matériau perpétuel car inusable) et elle servait pour faire les toits de chaume, utilisation qui nécessite une paille très longue.
À savoir également : la croissance rapide et la hauteur des tiges des céréales privaient les plantes adventices de lumière et donc les empêchaient de grandir. C'est la culture qui étouffait les plantes non désirées (maintenant c'est l'industrie chimique qui détruit tout y compris les vers de terre et nous par la même occasion)… :(
Pourquoi les hommes ont-ils sélectionné des blés avec des tiges de plus en plus courtes ?
À cause du capitalisme ! Fini l'engrais naturel place à l'industrie chimique qui détruit notre environnement et nous par la même occasion ; fini les chaises à rempailler place à l'industrie de l'ameublement, ses plastiques et ses colles qui relâchent des gaz cancérigènes et autres perturbateurs endocriniens ; fini le torchis place à l'industrie du ciment, ciment qui se détruit en 100 ans par carbonatation et, bien sûr, fini les toits de chaume (bon, les tuiles ne prennent pas feu).
Enfin, les tiges longues et résistantes n'étaient pas appropriées aux moissonneuses mécaniques.
Les tiges devinrent donc de plus en plus courtes (et fragiles, il n'y a qu'à voir les blés qui ont versé dans les champs après un orage ou un coup de vent).


Autre point qui nécessite des recherches : est-ce que le maïs de l'époque était aussi haut que celui que nous connaissons ?
Une chose que j'ignore malgré mes quatre ans de formation en sciences agricoles.
--------------------

Si vous voulez vraiment réaliser des décors historiquement réalistes vous devez vous mettre dans les conditions de l'époque, par exemple :
Au Moyen-Âge les églises étaient peintes de couleurs vives.
Avant l'industrie du ciment et la désertification rurale les murs étaient protégés avec de l'enduit chaux-sable (blanc ou ocrée du jaune pâle au rouge) ou des planchettes (aulne ou autre bois résistant à l'eau et aux champignons, voire aux insectes comme le châtaignier).

Oui, je sais : « La culture c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale » ; « Pas besoin d'être un ingénieur de l'équipement pour faire des décors » et autres gentillesses que l'on a pu m'adresser dans le passé, aussi pour ne fâcher personne je me cantonnerai désormais aux questions posées sur le forum de S&B, car les boutons de guêtre c'est comme « La guerre des boutons » : c'est quand on n'en porte plus qu'on gagne !

Merci de votre attention et bonne journée ou soirée.
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Gerber » Mer Jan 10, 2018 8:29 am

Bravo pour cet article très instructif Thierry ! :wink:
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Thierry Melchior
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Thierry Melchior » Mer Jan 10, 2018 5:20 pm

Merci Gerber 8)
(j'aime bien ta signature qui me fait sourire en pensant au film « Les tontons flingueurs » qui est encore passé récemment !)



Bon, si des questions restent sans réponse j'y répondrai. :wink:
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par gboue » Mer Jan 10, 2018 8:24 pm

Thierry Melchior a écrit : Bon, si des questions restent sans réponse j'y répondrai. :wink:

Euh! Dieu existe-t-il ? :wink:

Bravo pour ton explication agronomique teintée de révolte antimondialisation antilibérale :mrgreen:


Amitiés éternelles

Gboue
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Gerber » Mer Jan 10, 2018 8:36 pm

Thierry Melchior a écrit :Merci Gerber 8)
(j'aime bien ta signature qui me fait sourire en pensant au film « Les tontons flingueurs » qui est encore passé récemment !)



Bon, si des questions restent sans réponse j'y répondrai. :wink:
:D
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Thierry Melchior » Jeu Jan 11, 2018 10:43 am

Dis-moi ton rapport à la mort et je te dirai si tu as besoin d'un dieu.

Les jeunes surdiplômés commencent à quitter les rangs de l'armée capitaliste et c'est tant mieux. 8)

Mes amitiés à vous deux, elles dureront jusqu'à ma fin et c'est déjà beaucoup ! :)
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Gerber » Jeu Jan 11, 2018 6:42 pm

C'est beau ! merci Thierry ! :wink:
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Thierry Melchior » Ven Oct 30, 2020 12:56 pm

Je ne peux m'empêcher de poster ce lien (avec une traduction rapide et circonscrite au sujet de ce post) !
Si vous lisez l'anglais vous constaterez que les messages du post parlent également des ondulations du terrain (un pli de terrain de deux mètres suffit à cacher des troupes).
———
http://theminiaturespage.com/boards/msg.mv?id=540024

Effet des cultures sur les troupes de Quatre Bras & Ligny

Jusqu'à présent, de nombreux historiens n'ont pas tenu compte de l'effet des cultures des Pays-Bas à Ligny et à Quatre Bras sur les actions des troupes et, finalement, sur les plans des commandants militaires le 16 juin 1815. Les cultures qui devaient être récoltées en 1815 dans les zones susmentionnées étaient de deux types distincts, cultivés dans l'ensemble des Pays-Bas, le seigle et le blé, qui, en 1815, atteignaient tous deux une hauteur d’un mètre quatre-vingts à deux mètres dix. Il faut également noter que les Pays-Bas, comme l'Angleterre, ont adopté des lois qui entourent les limites des champs avec des haies ou du bocage. Elles étaient difficiles à pénétrer, étant donné qu’elles avaient généralement plus de 100 ans. Non seulement ces produits agricoles constituaient l'alimentation de base de la population et assuraient une exportation nationale, mais la grande tige fournissait également de la paille pour l'alimentation des animaux en hiver, le chaume des toits et le remplissage des matelas. Elle a également été utilisée comme substitut du papier. Lorsque ces trois dernières utilisations ont disparu, l'hybridation a été utilisée pour réduire la tige à sa hauteur actuelle afin de réduire les coûts de main-d’œuvre.
Les troupes napoléoniennes se sont donc limitées à parcourir les routes dans cette campagne pour plusieurs raisons. Du point de vue du mouvement, politiquement, il n'était pas bon pour les relations publiques de piétiner les récoltes de vos alliés, surtout lorsque vous comptez sur cette bonne volonté pour votre approvisionnement en nourriture, votre aide matérielle et le cantonnement de vos troupes. Deuxièmement, il était impossible pour les troupes alliées ou françaises de se disperser dans les champs de chaque côté de ces routes, comme cela avait été le cas sur d'autres théâtres d'opérations lors des campagnes précédentes, en raison de l'obstacle que constituaient les haies et les cultures. Les Français, eux aussi, répugnent à piétiner les cultures, pour des raisons plus pratiques. Ils étaient habiles à utiliser leurs troupes pour récolter le blé et le seigle locaux. Puis, grâce à leurs moulins et fours mobiles, ils transformaient ces produits en pain pour plusieurs jours, ce qui leur permettait de "vivre de la terre" au vrai sens du terme. Les centaines de lettres obtenues par le capitaine William Siborne racontent que les cultures et les haies causaient d'horribles retards et des barrages routiers, empêchant les armées de Wellington de se rendre sur le champ de bataille. En effet, certaines n'y parvinrent jamais et reçurent l'ordre de se replier de Braine-le Comte et de Nivelles sur la position de Waterloo au matin du 17 juin.
Tactiquement, il n'était pas prudent de se déplacer plus vite qu’à un pas d'escargot à travers ces cultures pendant la bataille car aucun des deux camps ne savait ce qui se trouvait de l'autre côté ; semblable aux expériences des soldats dans les jungles du NAM. Il pouvait y avoir une batterie de canons dans un rayon de 10 à 800 mètres qui tirait sur vous à mitraille lorsque vous sortiez de la culture. Il pourrait y avoir un régiment de cavalerie qui attendrait votre apparition pour vous charger et vous couper en morceaux avant que vous ne puissiez former un carré. De plus, la vision locale était tellement réduite que vous ne pouviez pas voir les bataillons de soutien de votre propre brigade également dans la culture. Après plusieurs centaines de mètres, l'orientation était également perdue. Quelques-uns des nombreux témoignages illustrent la situation :
— « Le seigle était si haut dans le champ de bataille qu'il était presque impossible de voir autre chose que nos propres rangs [28e Foot]. L'ennemi, même en attaquant nos carrés, était obligé de faire monter désespérément une personne audacieuse pour planter un drapeau [lance], comme marque [pour l'artillerie], à la pointe de nos baïonnettes. » Major Llewellyn, 28th Foot, mars 1837
Waterloo Letters. Gen. H.T. Siborne, London 1891, No.149, p.348.
— Encore une fois, le lieutenant Pattison du 33e Foot, dont le régiment avait atteint un affleurement rocheux élevé, s'est rappelé :
« Le terrain sur lequel nous devions avancer était très ondulé, et recouvert de seigle, qui dans ce pays riche et luxuriant pousse excessivement haut, et de ce fait obstruait l'observation. Alors que nous avancions, la compagnie de tête de notre régiment atteignit une partie proéminente du terrain et observa la cavalerie française qui avançait pour charger. Des ordres ont alors été donnés pour former un carré afin de recevoir l'ennemi. L'ennemi, percevant que nous étions prêts, au lieu d'avancer, fit un mouvement vers la gauche et percuta les colonnes ouvertes du 69e régiment qui, se trouvant sur une partie basse du terrain, ne les avait pas observées [à travers le seigle]. Le chaos qui s'ensuivit fut énorme, et l'un de leurs drapeaux… fut emporté… ayant atteint le terrain en pente, et forma un carré [que nous] avons placé comme un phare en présence de l'ennemi. Aussitôt, un parc d'artillerie a été ouvert à bout portant sur notre colonne [brigade]. La destruction qui s'ensuivit fut effrayante. »
Waterloo Letters. Gen. H.T. Siborne, London 1891, No. 142, pp.334-335.

Les Français, eux aussi, étaient incommodés par l'obstruction visuelle des cultures. Ney, au lieu de marcher en toute hâte à la mi-journée, a dû tâter le pas vers le carrefour, grâce à la bravoure de la petite 2e division néerlandaise du général Perponcher, pour couvrir le front des Quatre Bras. Perponcher, feignant d'être plus fort qu'il ne l'était en réalité, et utilisant le terrain - cultures, bois et bâtiments - pour retarder l'avance française. En fait, ils ont acheté le temps nécessaire à l'arrivée de la division de Picton. Le général Foy, qui n'est pas un lâche, a souligné à Ney qu'il pensait que le poste était un poste « péninsulaire ». Il pensait que Wellington avait caché ses troupes dans les bois et dans le blé et le seigle pour faire fuir les Français, s'ils marchaient droit vers le carrefour. En effet, il est probable que si les troupes de Wellington avaient été à Quatre Bras - comme Wellington l'avait prévu - c'est exactement ce qu'il aurait fait. Sans les cultures et les bois, Ney aurait vu la faiblesse des Néerlandais et aurait immédiatement pris le carrefour avec ses divisions d'infanterie disponibles et ses 4 000 cavaliers. Bien que sur les cartes de Napoléon, la situation semblait claire comme de l'eau de roche, les cartes ne montrent pas de cultures de deux mètres de haut.

À Ligny, bien sûr, la situation était différente. Les Prussiens étaient dans une position statique. Leurs principales dispositions pouvaient être observées par Napoléon depuis un moulin à vent. De même, le haut commandement prussien pouvait observer les dispositions de Napoléon depuis les hauteurs sur leurs arrières. Cependant, là aussi, les troupes françaises, qui avançaient sur Ligny, ont sorti des cultures pour trouver soit le ruisseau Ligny, marécageux et praticable à gué, défendu par les troupes légères et les fusiliers prussiens, soit le torrent Ligny, plus difficile. Ceux-ci n'avaient pas été observés, en raison des cultures depuis le moulin à vent. Le général Comte Flahault, ADC de Napoléon, écrira plus tard :
« Depuis l'observatoire de Napoléon dans le moulin de Fleurus, les positions prussiennes n'apparaissent pas aussi fortes qu'elles le sont en réalité. L'empereur ne pouvait pas se faire une idée exacte de la profondeur des creux [à cause du blé]. Le ravin, par lequel coulait le ruisseau de Ligny, était assez caché à la vue. Devant lui s'étendait ce qui semblait n'être qu'une vaste plaine couverte de blé, légèrement enfoncée en son centre et s'élevant en pente douce jusqu'à l'horizon extrême - un paysage du vrai type Beauce ».
The First Napoleon: Some Unpublished Documents from the Bowood Papers, edited by The Earl of Kerry, London 1925. P.121

Pour rappel : un foot (pied) = 30,48 cm (l'arrondi supérieur = 30,49)
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Korre » Ven Oct 30, 2020 4:05 pm

La nature du terrain réserve parfois de belles surprise.
Très bon article. :D

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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Patrice » Sam Oct 31, 2020 2:34 pm

Très intéressant en effet !
« Il vaut mieux faire face à ce qui est derrière nous, que tourner le dos à ce qui est devant ! » (capitaine Huchehault)

http://www.anargader.net/
http://www.argad-bzh.fr/argad/

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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par LECHEVALIER » Sam Oct 31, 2020 8:10 pm

Les waterloo letters sont une source des plus intéressantes concernant le déroulement de la campagne de Belgique. Le regroupement des témoignages des participants eux-mêmes permet de disposer de sources primaires qui au delà de la grande histoire révèle les choses à hauteur d'homme. A cet égard les précisions concernant la hauteur des céréales qui à la mi-juin, juste avant la moisson, ont atteint leur taille maximum sont tout a fait édifiantes et les pauvres paillassons de coco dont nous garnissons nos tables de jeu font pâle figure au regard de fantassins de 15, 20 ou 28 mm.

Pour autant et comme tout témoignage humain, ils sont par nature faillibles et doivent être apprécier pour ce qu'ils sont, ni plus ni moins.

A cet égard il faut considérer :
- que leur auteurs (britanniques) appartiennent tous au même camp
- qu'il ont été écrits et rassemblés après les événements (entre 1830 et 1840)
- qu'au delà des faits relatés, l'analyse et les conclusions que certains en tirent doivent être appréciés avec une certaine distance.

Lorsque David C Hamilton-Williams s'appuie sur les délais générés par la nature des cultures tels que les rapportent le capitaine Silborne dans les « Waterloo letters » pour expliquer que les troupes de l'armée de Hollande stationnées à Nivelles et plus loin à Braine-le-Comte ont du rejoindre directement le champ de bataille de Waterloo, il s'abuse un peu.

Concernant les troupes se trouvant à Nivelles le 15 juin 1815 au soir, sur les trois divisions d'infanterie deux d'entre elles rejoindront le champ de bataille de Quatre Bras. Il s'agit des divisions Perponcher Sedlintzky et von Alten. D'autre part l'une des trois brigades de cavaleries hollando-belge de la division Collaert, partie de Nivelles, prendra part au combat. Les deux autres brigades de cavalerie n'auraient pu être employées utilement vu la contexture et l’exiguïté du champ de bataille. S'agissant de la division Cooke stationnée à Braine-le-Comte et en dépit de la distance la séparant du carrefour de Quatre-bras, elle débouchera sur le champ de bataille vers 17H00 et sera immédiatement engagée pour reprendre à la Division Jérôme Bonaparte le bois Bossu.
En résumée des cinq divisions stationnées à Nivelles et Braine-le-Comte, quatre seront totalement ou partiellement engagées à la bataille de Quatre-bras et seule la division Chassé n'aura pas donné.

https://belle-alliance.be/boutique/les- ... as-3-c-15/ page 86

Concernant la progression des unités d'infanterie sur les routes, eu égard aux moissons futures, et à l'existence de haies et de barrières clôturant les champs peut-être a-t-il échappé à monsieur Hamilton-Williams que les bataillons d'infanterie disposent d'une compagne de grenadiers progressant en tête et que les outils dont disposent les sapeurs sont précisément prévus à cet effet. Quant aux aspects relevant de la guerre psychologique, les armées d'empire, à l’exception notable de l'armée d'Aragon du maréchal Suchetn ont démontrées qu'elles n'en maîtrisait pas toutes les subtilités.

Plus loin les propos qu'il prête au général Foy conseillant Ney doivent être là aussi entendus avec circonspection. En effet C'est le général Reille en qualité de commandant du 2ème corps qui aurait eu cet échange avec le commandant de l'aile gauche de l'armée du Nord.

« Il est environ une heure et demie de l'après-midi lorsque Reille rejoint le maréchal, en face de la lisière orintale du bois Bossu. Le colonel Heymès nous relate le dialogue inquiet des deux hommes : « Il n'y a presque personne dans le bois, dit le prince de la Moskova. Ca pourrait bien être une bataille d'Espagne, répond Reille, où les anglais se montreront seulement quand il sera temps. Il est prudent d'attendre pour attaquer que toutes nos troupes soient massées ici »

Les Quatre-bras-Bras dans la série des batailles oubliées d'Alain Arcq aux éditions Historic'one.

http://www.historic-one.com/bataille/4bras.htm page 56

Le général Foy, ancien de la campagne d'Espagne, présent au centre du dispositif du maréchal Ney peut fort bien s'être entretenu avec lui et avoir eu des propos similaires en présence ou non du général Reille. Pour autant, il me semble plus vraisemblable que cet échange ai eu lieu entre le commandant du 2ème Corps et le commandant de l'aile gauche de l'armée du Nord.
Le colonel Heymès en qualité de premier aide de camp du maréchal me semble un témoin parfaitement digne de foi.

Quoi qu'il en soit l'explication donnée aux tergiversations de Ney aux Quatre-bras reste la même ; comme quoi on peut partant d'une information erronée arriver à une juste conclusion. :mrgreen:

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Thierry Melchior
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par Thierry Melchior » Sam Oct 31, 2020 9:27 pm

LECHEVALIER a écrit :Concernant la progression des unités d'infanterie sur les routes, eu égard aux moissons futures, et à l'existence de haies et de barrières clôturant les champs peut-être a-t-il échappé à monsieur Hamilton-Williams que les bataillons d'infanterie disposent d'une compagne de grenadiers progressant en tête et que les outils dont disposent les sapeurs sont précisément prévus à cet effet.
Pour ma part je pense que des haies de plus de cent ans sont quand même difficilement franchissables (les sapeurs enfonçaient les portes des bâtiments), il est plus rapide de prendre la route car le long des routes les champs clôturés sont petits et les haies se succèdent (voir la carte de Ferraris) ; ceci étant mon humble avis dit sans esprit de polémique. 8)
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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par LECHEVALIER » Sam Oct 31, 2020 11:47 pm

Il est clair que la hache est plus appropriée pour enfoncer les portes. C'est sans doute la raison pour laquelle les sapeurs sont dotés entre autre outils d'une serpe plus commode pour se frayer un passage au travers d'une haie. On peut aussi imaginer que dans un souci d’efficacité les sapeurs se décaleront de quelques mètres voir davantage et choisiront la partie la moins touffue de celle-ci pour y aménager un passage.

La route est une option mais elle ne peut être que ponctuelle. Les voies carrossables sont destinées en priorité aux convois hippomobiles et aux troupes montées. (bien que certaines d'entre elles disposent de sapeurs* qu'on ne peut soupçonner être là pour enfoncer des portes).
La présence même temporaire de fantassins sur la route est un facteur de ralentissement de l'ensemble de l'armée du fait de la vitesse de déplacement différentes des troupes.
En outre un surcroît d'unités sur un même itinéraire risque de causer des embouteillages néfastes à la progression de l'armée.

Napoléon disait que l"art de la guerre était tout d'exécution or la manœuvre telle que la conçoit l'Empereur est basée principalement sur la vitesse de déplacement des troupes. A cet égard il convient de respecter la répartition des itinéraires tels qu'ils ont été définis.
et tant pis pour le malheureux fantassin progressant difficilement dans des champs détrempés ou fraîchement labourés, franchissant les cours d'eau le plus souvent à gué et passant au travers des haies par des passages plus ou moins bien aménagés.

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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par jacknap1948 » Dim Nov 01, 2020 10:47 am

Salut Thierry MELCHIOR et LECHEVALLIER.
Merci pour ces nouveaux messages très intéressants qui complètent bien le sujet initial de Janvier 2018.
Le titre ne m'avait jamais paru provocateur car pour moi il est clair que cela n'a jamais été une victoire anglaise. :wink:
Bon Dimanche à Tous et à plus tard.
Jacques.
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).



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Re: Waterloo, victoire prusso-belge dans les blés d'1,80 mètre !

Message par fantassin » Dim Nov 01, 2020 11:06 am

Post très intéressant , merci

Je rejoins l’avis de Thierry sur la difficulté de franchir des haies . Il suffit de se promener dans les zones agricoles où il reste ce type de haies pour voir que passer à travers est tout sauf aisé, d’autant plus si on doit garder une formation

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