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Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 11:49 am
par CUSTODES
Bientôt le mois de juin, les exams (pff, c'est bon quand c'est dans son rétrovisuer ça :mrgreen: ), les barbecues et le rosé, donc du coup une questin qui se pose entre deux apéros :

L'Histoire, c'est ce qui s'est passé ou c'est ce qu'on nous a raconté ?

Z'avez quatres heures :lol:

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 12:06 pm
par Renaud
Pour faire court (méthode KISS - Keep It Short and Simple) : l'histoire est quand on raconte ce qui s'est passé.

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 12:30 pm
par fredthegreat
ça rejoint un peu la différence entre Histoire (comme recherche scientifique des faits du passé et compréhension de ceux-ci dans différents contextes) et mémoire (comme sélection de certains faits qui vont être transmis collectivement au nom de certaines valeurs, ce qui constitue un "devoir de mémoire"; ces valeurs pouvant bien sûr varier dans le temps et selon les pays, les idéologies, etc.).

Autrement dit, si on entend par "ce qu'on nous a raconté" le contenu (notamment scolaire, mais aussi les témoignages des acteurs d'une époque), il s'agit d'une sélection des faits du passé, et donc d'un appauvrissement de l'Histoire d'un certain point de vue.
A l'inverse, si on souhaite connaître "tout ce qui s'est passé", on s'engage dans une recherche la plus exhaustive possible des faits, donc longue et complexe (et pas facile à résumer pour des besoins scolaires). Ce que les historiens appellent une "histoire totale". La compréhension des faits demande alors la plus grande objectivité au chercheur, quitte à mettre de côté les valeurs généralement admises dans la société où il vit.
Un article intéressant sur cette différence:
http://pagesperso-orange.fr/denis.collin/histoire.htm

Tout cela suggère des risques de conflit entre Histoire et mémoire, notamment lorsque des chercheurs en Histoire voient leurs travaux menacés par des effets pervers des lois mémorielles (lois votées pour instituer un devoir de mémoire et qui finissent par instituer juridiquement une vision de l'histoire et par punir la discussion sur des "vérités" historiques). Ex.: un universitaire reconnu, Olivier Pétré-Grenouilleau, qui avait écrit un livre sur les traites négrières. Sans dissimuler en rien la responsabilité occidentale, il avait étudié l'ensemble des traites. Mais osant évoquer la traite arabe et la traite interafricaine, il a été attaqué en vertu de la loi Taubira et accusé de "banaliser un crime contre l'humanité".
Voir l'appel de Pierre Nora et Françoise Chandernagor: "Liberté pour l'Histoire".
http://www.aidh.org/hist-mem/liberte_blois_gayssot.htm

Msieu, j'ai combien à ma copie?

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 12:54 pm
par Siaba
Qu'est ce que tu veux dire de plus après ça ? :wink:
Donc l'histoire ça devrait être ce qui s'est passé et c'est malheureusement ce qu'on nous raconte. En plus, en France, on a des lois qui encadre ce qu'on doit raconter....c'est parti d'une bonne intention mais ça a viré au gros n'importe quoi :?

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 1:47 pm
par L`ancien
Ni l'un, ni l'autre mon général ! L'histoire, au sens contemporain du terme, est une science visant à étudier les faits passés de l'humanité à partir des différentes traces que celle-ci a pu laisser. Elle se doit donc d'être objective face aux événements et ne pas porter de regard critique.

Cependant, il est nécessaire d'avoir un certain recul sur les traces écrites laissées par nos prédécesseurs, car le sens antique de l'histoire était plutôt l'apologie des politiques militaires et culturelles des nations, une façon d'affirmer la domination d'un peuple sur un autre. L'histoire a également été un art littéraire, ce que nous appelons maintenant les "romans", où le fait réel est sublimé pour devenir un récit où se mêle une part de fiction et l'imagination de l'auteur. C'est pour pouvoir faire la part des choses que l'historien contemporain ne s'appuie pas seulement sur les traces écrites, mais également sur les traces archéologiques et confronte les différentes versions disponibles d'un même événement, afin de pouvoir relater les faits de la manière la plus neutre possible.

Mais, dans tous les cas, le travail de l'historien repose toujours sur sa propre objectivité, sur le contexte socio-culturel dans lequel il travaille (et les lois qui régissent donc ses propres possibilités d'expression) et les sources qui lui sont accessibles au moment où il réalise son travail. Pour ma part, je complète donc ma première réponse : ni l'un, ni l'autre, mais les deux, dans des proportions très variables.

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 3:13 pm
par Behaine
Ca ne fait peut-être pas avancer le schilblik, mais c'est ce qu'on a dit :
ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des événements.
[Honoré de Balzac]
Le roman est l'histoire du présent, tandis que l'histoire est le roman du passé.
[Georges Duhamel]
Ce n'est pas l'histoire qui fait le jugement : c'est le jugement qui fait l'histoire.
[Gaétan Picon]
L'histoire est le témoin des temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, l'institutrice de la vie, la messagère de l'antiquité.
[Cicéron]
BN

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 4:06 pm
par Damien
fredthegreat a écrit :ça rejoint un peu la différence entre Histoire (comme recherche scientifique des faits du passé et compréhension de ceux-ci dans différents contextes) et mémoire (comme sélection de certains faits qui vont être transmis collectivement au nom de certaines valeurs, ce qui constitue un "devoir de mémoire"; ces valeurs pouvant bien sûr varier dans le temps et selon les pays, les idéologies, etc.).

Autrement dit, si on entend par "ce qu'on nous a raconté" le contenu (notamment scolaire, mais aussi les témoignages des acteurs d'une époque), il s'agit d'une sélection des faits du passé, et donc d'un appauvrissement de l'Histoire d'un certain point de vue.
A l'inverse, si on souhaite connaître "tout ce qui s'est passé", on s'engage dans une recherche la plus exhaustive possible des faits, donc longue et complexe (et pas facile à résumer pour des besoins scolaires). Ce que les historiens appellent une "histoire totale". La compréhension des faits demande alors la plus grande objectivité au chercheur, quitte à mettre de côté les valeurs généralement admises dans la société où il vit.
Un article intéressant sur cette différence:
http://pagesperso-orange.fr/denis.collin/histoire.htm

Tout cela suggère des risques de conflit entre Histoire et mémoire, notamment lorsque des chercheurs en Histoire voient leurs travaux menacés par des effets pervers des lois mémorielles (lois votées pour instituer un devoir de mémoire et qui finissent par instituer juridiquement une vision de l'histoire et par punir la discussion sur des "vérités" historiques). Ex.: un universitaire reconnu, Olivier Pétré-Grenouilleau, qui avait écrit un livre sur les traites négrières. Sans dissimuler en rien la responsabilité occidentale, il avait étudié l'ensemble des traites. Mais osant évoquer la traite arabe et la traite interafricaine, il a été attaqué en vertu de la loi Taubira et accusé de "banaliser un crime contre l'humanité".
Voir l'appel de Pierre Nora et Françoise Chandernagor: "Liberté pour l'Histoire".
http://www.aidh.org/hist-mem/liberte_blois_gayssot.htm

Msieu, j'ai combien à ma copie?

Ca sent le prof d'histoire. :D

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 4:20 pm
par fredthegreat
Damien a écrit : Ca sent le prof d'histoire. :D

Présent, chef!

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 4:55 pm
par rougeau
Tout dépend de ce que l'on entend par le terme histoire.L'histoire avec un grand H qui est celle qui c'est passée,qui a été étudier par des spécialistes et interprété suivant leurs courant de pensée ou les positions officielles de certains pays ou leurs dirigents. Et la petite histoire;la campagne du papi qui avec le temps enjolive les choses,mélange un peut tout,etc.... :mrgreen:

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Lun Mai 25, 2009 5:25 pm
par Thierry Melchior
Pour ramener le sujet à la philosophie :

« Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c'est le présent tel qu'il a survécu dans la mémoire humaine. »
Marguerite Yourcenar
Extrait de « Les Yeux ouverts »

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Mar Mai 26, 2009 1:03 pm
par thomasd
Bonjour,

sujet, au combien, vaste et complexe. :oops:

tout d’abord, c’est quoi l’histoire. :roll:

l’histoire dans son sens large est la representation sous forme de narration ou d’expose systematique de tout genre accomplis dans le passe.
elle comprend l’etude des evenements politiques et militaires des nations et des etats mais aussi la connaissance des idees morales ou religieuses, des usages, des formes de civilisation artistique, litteraire ou scientifique propre a chaque peuple et qui en expliquent l’evolution et l’influence.
contrairement aux autres sciences l’histoire doit retrouver le fait a sa date et, situer l’evenement dans son milieu concret.
l’histoire est nationale, generale, universelle mais elle peut aussi prendre pour sujet la vie d’un individu, d’une province, d’une institution, d’un organisme, etc....

a partir de cela, il y a plusieurs conceptions de l’histoire.

Autrefois, les historiens se sont propose non pas a l’etude general de la vie du passe mais a quelque objet plus immediat d’enseignement d’edification et d’apologie personnelle.
Herodote et Xenophon n’ont d’autres pretention que d’interesser leurs contemporains par des recits faciles et varies,
Polybe ecrit des histoires pragmatiques ayant pour dessein d’initier aux affaires publiques,
Plutarque, Salustre, Tacite cherchent surtout a tirer de l’histoire un enseignement moral ou patriotique,
Joinville, Froissart, Brantome, sont des conteurs aimables et familiers,
Mezeray voit dans l’histoire de la monarchie une matiere a reflexions morales,
Montluc, Sully, Retz, Tailleyrand, et la plupart des memorialistes n’ecrivent que pour justifier leur conduite politique ou satisfaireleurs rancunes,
Commynes, Machiavel, Bossuet, ne cherchent dans les faits contemporains ou passes que des arguments en faveur de leurs theories politiques ou religieuse.

l’exactitude historique a toujours souffert a des degres divers de ces preoccupations etrangeres a la recherche de la verite. c’est par une lente elaboration que la veritable methode historique a pu s’opposer a ces conceptions defectueuses.

Pasquier, Vignier, Bodin definirent les principes essentiels de la critique des ources historiques,
Baluze, de Tillemont, Mabillon, Montfaucon developerent ces principes,
Montesquieu, Voltaire, Mably appliquent l’’esprit philosophique et cherchent a expliquer par des lois generales tout le developpement de la civilisation,

ce n’est qu’apres 1789 que l’attention des historiens commence a se porter sur la vie intime des peuples et que le romantisme fait penetrer dans l’histoire le gout des reconstitutions precises du passe.
Thierry repond a cette double preoccupation. puis les ouvrages de Guizot,Renan, Coulanges, Ranke...
enfin, grace a l’archeologie, aux archives, aux bibliographies, aux bibliotheques, a l’epigraphie, a la paleographie latine et grecque, la papyrologie, la linguistique, la sigillographie, la numismatique, la diplomatique ....
l’histoires tend a prendre la forme d’une science experimentale par l’enchaineùment de plus en plus rigoureux qu’elle essaye d’introduire dans la suite des evenements du passe.

au 19eme, on pouvait opposer l’historien qui disserte, raconte et generalise a l’erudit qui travaille d’apres des fiches ou , l’histoire philosophique a l’histoire des faits.
aujourd’hui, pour l’historien l’expose historique doit etre precede d’un denombrement et d’une etude precise des documents originaux. il y a ainsi deux moments dans la methode historique, le premier etant de reconstruire le fait . a partir de la critique historique, il s’agit d’abord de discuter la sincerite ou la signification d’un souvenir avec prudence, puis la recherche des origines des sources avec la critique d’autenticite qui va bien en s’aidant des disciplines citees plus haut qui vont bien.
ensuite, la partie la plus delicate, un travail de synthese, etablissement du recit, mise en ordre des faits, le tout devant aboutir a la comprehension des evenements. a ce stade, l’imagination et l’hypothese jouent un grand role et la difficulte essentielle est de voir les choses avec leur caractere propre, il faut craindre les analogies trop precises avec nos moeurs, aussi bien que l’hypotese d’etats d’esprit completement different des notres. :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Mar Mai 26, 2009 1:08 pm
par thomasd
j'ai triche, je n'ai pas respecter le délai imparti. :?

mais je pense avoir été assez rébarbatif et en avoir dissuade plus d'un à s'intéresser à l’histoire. :twisted:

Ps : je ne fourni pas les cachets d’aspirine. :mrgreen:

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Mar Mai 26, 2009 1:35 pm
par tizizus
Salut

je n'ai pas lu les autres réponses par grosse flemme, sauf en diagonale vite fait. Mais je n'ai pas mon aspirine à côté (ha les effets secondaires des examens...)

mais à la question L'Histoire, c'est ce qui s'est passé ou c'est ce qu'on nous a raconté ?

je répondrais, Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire.

Pluche

Fred

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Mar Mai 26, 2009 4:35 pm
par PaquitoSan
tizizus a écrit :Salut

je n'ai pas lu les autres réponses par grosse flemme, sauf en diagonale vite fait. Mais je n'ai pas mon aspirine à côté (ha les effets secondaires des examens...)

mais à la question L'Histoire, c'est ce qui s'est passé ou c'est ce qu'on nous a raconté ?

je répondrais, Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire.

Pluche

Fred
Napoléon a bien raconté la sienne, et je crois qu'à St Hélène, il n'était pas vainqueur...

Sinon, je dirais que l'Histoire est un mélange d'enquête de faits établis et de manipulation et ce depuis Ramses II :P pour faire court
++

Re: Petit sujet de philo...

Publié : Mar Mai 26, 2009 5:58 pm
par Joachim Pax
tizizus a écrit :Salut

je n'ai pas lu les autres réponses par grosse flemme, sauf en diagonale vite fait. Mais je n'ai pas mon aspirine à côté (ha les effets secondaires des examens...)

mais à la question L'Histoire, c'est ce qui s'est passé ou c'est ce qu'on nous a raconté ?

je répondrais, Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire.

Pluche

Fred
je cite Ardant du Picq de mémoire : "les vaincus se consolent par l'idée de leur bravoure et les vainqueurs ne les démentent jamais"
Ca explique que les témoignages à la Paul Carrell sur "la bravoure du soldat allemand face aux méchants russes et américains pleutres et immondes mais disposant de 400 fois plus de matos" n'aient jamais été démentis...