Bernard a écrit
« Moi, j'ai toujours un doute sur le fait qu'il s'agisse du sieur Dery. »
En français comme en anglais toutes les biographies de Pierre-César Déry sont accompagnées de ce même portrait en couleur ou en noir et blanc,
Bernard a écrit
« En quoi son uniforme ne respecte-t-il pas le règlement de l'an XII? »
Trois détails m'ont immédiatement interrogé
- Le collet dont les broderies sont trop chargées pour un général de brigade français. Il ne devrait présenter qu'un rang de broderies.
- Le parement en botte dont la forme est différente de l'uniforme français. Là aussi les parements ne devraient pas présenter plus d'un rang de broderies pour un général de brigade.
- Les aiguillettes qui sont la marque des officiers appartenant la maison militaire d'un souverain. Ils ne peuvent se justifier qu'à l'époque où il servait à Naples en qualité d'aide de camp de Murat.
Il est difficile de juger exactement de la forme des broderies toutefois celle-ci ne semblent pas correspondre aux feuilles de chêne du modèle français. Peut-être vous souvenez vous m'avoir soumis un étrange uniforme d'officier général qui détonnait du modèle français de par la simplicité et la petite taille de ses broderies. Après avoir envisagé une fabrication locale, l'uniforme s'est avéré être celui d'un général de la Confédération du Rhin, saxon ou westphalien. De la même façon le royaume de Naples s'est doté d'uniformes inspirés des tenues françaises tout en conservant des particularités nationales qui permettent de les distinguer.
La biographie du général Pierre-César Déry fait mention de son mariage durant sa période napolitaine.
Célibataire, il n'avait guère besoin de recevoir. Marié il se devait de permettre à son épouse de recevoir et de tenir salon selon son rang.
Pour décorer son intérieur et garder l'image de son mari lorsqu'il repartirait en campagne J'ai supposé, selon les mœurs de l'époque, qu'elle avait souhaité disposer d'un portait de celui-ci. Dés lors il n'est pas surprenant qu'il ait porté son uniforme du moment en l'occurrence napolitain.
Le règlement de l'an XII est un texte extrêmement touffu et d'une grande précision.
Extrêmement touffu car il règle les uniformes :
- des officiers de l'état-major des armées
- des officiers des état-majors et des employés dans les places
- des officiers du génie et des employés de fortifications
- des inspecteurs aux revues
- des commissaires des guerres
- des généraux, des officiers des état-majors des armées et des places, des inspecteurs aux revues et des guerres, réformés
- des officiers réformés de toutes les armes
- des officiers jouissant de la solde de retraite
- des membres de l'administration des hôpitaux militaires.
D'une grande précision:
Le texte est accompagné de douze planches, en noir et blanc qui illustrent les textes et présentent l'ensemble des distinctives : les écharpes, les baudriers, les gardes d'épées et de sabres, les dragonnes, les broderies, les divers galons, les épaulettes, les plaques de ceinturon, les boutons, les boutonnières, les galons, les ganses, les glands et les panaches de chapeaux et même jusqu'aux éperons.
Il est signé d'Alexandre Berthier alors ministre de la guerre.
Ce règlement et les planches qui l'accompagnent sont si précis qu'ils semblent destinées prioritairement aux maîtres tailleurs destinés à les confectionner.
Le texte a été intégralement retranscrit par Ronald Pawly dans le n°1 de la nouvelle série de Soldats Napoléoniens. Il est accompagné de l'ensemble des planches provenant d'une collection privée.
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Bernard a écrit
« Avec les ornements d'un général de division? »
C'est bien le problème. A Naples comme en France Le général Déry ne dépassa pas le grade de brigadier. Mais là encore ceci plaide pour un uniforme napolitain. La luxuriance des uniformes des troupes napolitaines et de Murat lui même vont en ce sens.
Il serait intéressant de disposer d'autres portraits de généraux napolitains, malheureusement le général Charles Antoine Manhès est la plupart du temps représenté dans la tenue à la hussarde des aides de camp de Murat et le général Guglielmo Pépé s'est fait portraituré vêtu de sa redingote.
Une dernière hypothèse reste envisageable. Ils existent nombre de portraits d'officiers auxquels on a ajouté les médailles et ordres qu'ils avaient reçus depuis l'exécution du tableau.
Nul doute que s'il avait survécu à la retraite de Russie le général de brigade baron 'Empire Pierre-César Déry aurait été nommé divisionnaire, tant l'Empereur avait besoin pour la campagne de Saxe d'officiers compétents. Est-il possible alors que sa veuve ait fait retouché le portrait de son défunt mari et lui ait donné les insignes de grade qu'il aurait mérité ?