… aux effets de l'Artillerie.
Par Charles Tronson du Coudray
Éditeur Nicolas Ruault (Paris), Esprit (Paris)
Publié chez Ruault, 1776.
Un livre intéressant pour les créateurs de règle
http://books.google.com/books?id=GkxuAyyQlAYC
(attention, c'est écrit en vieux françois)
J'ai oublié de dire merci à Ralph R. Reinertsen (sur le forum de « Napoleon Series »)
L'ordre profond et l'ordre mince, considérés par rapport…
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- Thierry Melchior
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L'ordre profond et l'ordre mince, considérés par rapport…
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. »
Jean Jaurès, Ve Congrès socialiste international, Paris, 1900
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- dauriac2000
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Re: L'ordre profond et l'ordre mince, considérés par rapport…
Puisque cela vous intéresse en primeur un petit passage de mon mémoire, le reste fin septembre!!
L’EXEMPLE DU CALCUL DES PERTES D’UNE COLONNE A L’ATTAQUE
C’est sur l’exemple d’une colonne chargeant une ligne et subissant son tir que Mesnil-Durand argumente. Pour lui, l’artillerie n’est pas dangereuse pour une colonne soutenue par la sienne, marchant rapidement à l’ennemi et n’ayant que quelques minutes à en supporter le feu . Il précisera ensuite son calcul : la cible ne peut être ajustée que de 300 toises à 100 toises (à partir de cette distance, l’attaquant peut tirer, ces tirs perturbant grandement les pièces) ; il faut 2,5 minutes pour franchir ce parcours, temps pendant lequel la batterie est encore gênée par les tirailleurs couvrant la colonne : le canon est vraiment peu efficace. On voit bien l’approximation du raisonnement .
Deux ans plus tard, Tronçon du Coudray démonte le calcul de Mesnil-Durand sur l’efficacité du tir des cartouches à mitraille. Il lui reproche de se tromper sur les chiffres à la fois sur l’effet de dispersion latérale des balles et sur la profondeur qu’elles peuvent atteindre. Ainsi, le front de diffusion d’une cartouche n’est pas de 18 toises, comme le soutient Mesnil-Durand, mais d’environ neuf toises. Donc, une colonne de cinq toises de front n’est pas touchée par seulement un tiers des balles, mais par la moitié (et encore en admettant une dispersion linéaire, ce qui n’est pas le cas). Sur la profondeur atteinte, nous devons retenir selon Tronçon du Coudray neuf toises, et non 12 toises, comme le fait Mesnil-Durand. Il faut donc admettre que la moitié des balles d’une cartouche touchent la cible, et pas 1/5. Et Tronçon du Coudray établit son propre calcul. En considérant qu’une bouche à feu est efficace sur 1000 m, une colonne avançant à 110 pas par minute met 14 minutes pour franchir cette distance. Le canon tire trois à quatre fois par minute ; un coup à boulet sur quinze et une boîte à balles sur six portent. La mousqueterie tire quatre décharges par minute et un tir sur cent touche. Ainsi sur les 1000 m la colonne perd 722 hommes alors qu’elle n’en a que 500. Le raisonnement est plus précis, mais les chiffres pas mieux étayés .
Un peu plus tard, d’Antoni fait un calcul un peu plus court. Face à une attaque de l’infanterie, l’artillerie peut faire six décharges à cartouche le temps que l’assaillant franchisse les 80 toises c’est suffisant pour anéantir la colonne. La cavalerie peut parcours les 80 toises au grand galop en 30’ soit deux coups de mitraille. Là encore, plus de ressenti que de chiffres scientifiquement démontrés .
Le Prince de Ligne quant à lui calcule le nombre de décharges que recevrait une attaque en colonne. Celle-ci peut marcher cent cinquante pas en une minute, mais pas trois cents, dans deux et encore moins six cents dans quatre. Il accepte quatre cents pas en quatre minutes. Or en quatre minutes un bataillon d’infanterie fait seize coups de feu, à compter moitié moins qu’à l’exercice.
« Si, pour ne pas plaire aux colonnistes, le général ennemi prend une position un peu élevée, en glacis par exemple, dont le feu est si meurtrier, je les plains davantage »
Mauvillon s’adonne, lui aussi à l’exercice et soutient qu’aucune troupe ne peut avancer en colonne sous la mousqueterie : sur 350 pas à franchir l’attaquant reçoit 14 à 15 décharges. Au surplus, l’ordre mince peut prendre en feu oblique sur les flancs l’ordre profond. Seul le fait de pouvoir répondre permet une telle approche, donc d’être aussi sur trois rangs !
Après l’expérience des guerres le paradoxe saute aux yeux. Thiroux le pose de façon claire. La moyenne des soldats atteints par les tirs de fusil, de 400 m au choc, est de 50% ; un bataillon de 256 files tire en feu de deux rangs à raison de trois coups par minute ; l’attaquant arrive à 120 pas par minute ; il lui faut cinq minutes pour franchir les 400 m ; le défenseur peut faire (512x15 =) 7.680 tirs ; cela fait 3.840 coups au but ; pour le fusil à silex il faut réduire la précision d’un tiers, reste 2.560 balles. Mais l’expérience de la guerre prouve que l’on ne peut même pas compter sur 10% de ces chiffres (256). A cette époque le raisonnement est devenu un peu plus scientifique, mais les données de base de celui-ci restent approximatives. Et il faut constater l’écart entre l’expérience sur le terrain et le calcul théorique. Selon Thiroux, on doit alors admettre que l’émotion du combat, le bruit, la poussière, la fougue, la stupeur, réduisent l’efficacité du tir .
L’EXEMPLE DU CALCUL DES PERTES D’UNE COLONNE A L’ATTAQUE
C’est sur l’exemple d’une colonne chargeant une ligne et subissant son tir que Mesnil-Durand argumente. Pour lui, l’artillerie n’est pas dangereuse pour une colonne soutenue par la sienne, marchant rapidement à l’ennemi et n’ayant que quelques minutes à en supporter le feu . Il précisera ensuite son calcul : la cible ne peut être ajustée que de 300 toises à 100 toises (à partir de cette distance, l’attaquant peut tirer, ces tirs perturbant grandement les pièces) ; il faut 2,5 minutes pour franchir ce parcours, temps pendant lequel la batterie est encore gênée par les tirailleurs couvrant la colonne : le canon est vraiment peu efficace. On voit bien l’approximation du raisonnement .
Deux ans plus tard, Tronçon du Coudray démonte le calcul de Mesnil-Durand sur l’efficacité du tir des cartouches à mitraille. Il lui reproche de se tromper sur les chiffres à la fois sur l’effet de dispersion latérale des balles et sur la profondeur qu’elles peuvent atteindre. Ainsi, le front de diffusion d’une cartouche n’est pas de 18 toises, comme le soutient Mesnil-Durand, mais d’environ neuf toises. Donc, une colonne de cinq toises de front n’est pas touchée par seulement un tiers des balles, mais par la moitié (et encore en admettant une dispersion linéaire, ce qui n’est pas le cas). Sur la profondeur atteinte, nous devons retenir selon Tronçon du Coudray neuf toises, et non 12 toises, comme le fait Mesnil-Durand. Il faut donc admettre que la moitié des balles d’une cartouche touchent la cible, et pas 1/5. Et Tronçon du Coudray établit son propre calcul. En considérant qu’une bouche à feu est efficace sur 1000 m, une colonne avançant à 110 pas par minute met 14 minutes pour franchir cette distance. Le canon tire trois à quatre fois par minute ; un coup à boulet sur quinze et une boîte à balles sur six portent. La mousqueterie tire quatre décharges par minute et un tir sur cent touche. Ainsi sur les 1000 m la colonne perd 722 hommes alors qu’elle n’en a que 500. Le raisonnement est plus précis, mais les chiffres pas mieux étayés .
Un peu plus tard, d’Antoni fait un calcul un peu plus court. Face à une attaque de l’infanterie, l’artillerie peut faire six décharges à cartouche le temps que l’assaillant franchisse les 80 toises c’est suffisant pour anéantir la colonne. La cavalerie peut parcours les 80 toises au grand galop en 30’ soit deux coups de mitraille. Là encore, plus de ressenti que de chiffres scientifiquement démontrés .
Le Prince de Ligne quant à lui calcule le nombre de décharges que recevrait une attaque en colonne. Celle-ci peut marcher cent cinquante pas en une minute, mais pas trois cents, dans deux et encore moins six cents dans quatre. Il accepte quatre cents pas en quatre minutes. Or en quatre minutes un bataillon d’infanterie fait seize coups de feu, à compter moitié moins qu’à l’exercice.
« Si, pour ne pas plaire aux colonnistes, le général ennemi prend une position un peu élevée, en glacis par exemple, dont le feu est si meurtrier, je les plains davantage »
Mauvillon s’adonne, lui aussi à l’exercice et soutient qu’aucune troupe ne peut avancer en colonne sous la mousqueterie : sur 350 pas à franchir l’attaquant reçoit 14 à 15 décharges. Au surplus, l’ordre mince peut prendre en feu oblique sur les flancs l’ordre profond. Seul le fait de pouvoir répondre permet une telle approche, donc d’être aussi sur trois rangs !
Après l’expérience des guerres le paradoxe saute aux yeux. Thiroux le pose de façon claire. La moyenne des soldats atteints par les tirs de fusil, de 400 m au choc, est de 50% ; un bataillon de 256 files tire en feu de deux rangs à raison de trois coups par minute ; l’attaquant arrive à 120 pas par minute ; il lui faut cinq minutes pour franchir les 400 m ; le défenseur peut faire (512x15 =) 7.680 tirs ; cela fait 3.840 coups au but ; pour le fusil à silex il faut réduire la précision d’un tiers, reste 2.560 balles. Mais l’expérience de la guerre prouve que l’on ne peut même pas compter sur 10% de ces chiffres (256). A cette époque le raisonnement est devenu un peu plus scientifique, mais les données de base de celui-ci restent approximatives. Et il faut constater l’écart entre l’expérience sur le terrain et le calcul théorique. Selon Thiroux, on doit alors admettre que l’émotion du combat, le bruit, la poussière, la fougue, la stupeur, réduisent l’efficacité du tir .
- gboue
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Re: L'ordre profond et l'ordre mince, considérés par rapport…
Merci Dauriac ,
Pour ce teaser, mais le reste du mémoire sera-t-i accessible ?
Gboue curieux
Pour ce teaser, mais le reste du mémoire sera-t-i accessible ?
Gboue curieux
"Mort aux cons!- vaste programme ! Charles de Gaulle"
- dauriac2000
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Re: L'ordre profond et l'ordre mince, considérés par rapport…
En pratique sa diffusion dépendra de la note que j'obtiendrai. Il faut que je vérifie mais de mémoire il faut une autorisation du jury pour le publier. Rassurez-vous si tel n'était pas le cas j'en diffuserai une version retravaillée, sous ma propre étiquette au lieu de la Sorbonne.