Charge et Moral, Hollywood et sphincters

Modérateur : Staff Forum

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Korre
Messages : 864
Inscription : Jeu Fév 01, 2007 6:56 pm
Localisation : Nantes

Charge et Moral, Hollywood et sphincters

Message par Korre » Sam Août 09, 2008 1:40 pm

EDIT WALKTAPUS
Sujet divisé. Initialement c'était ici

1) Sur la "poursuite énergique" : effectivement seules les unités qui ont retraité devant la cavalerie en poursuite est empêchée de riposter. Les autres unités peuvent riposter.

2) Les lanciers obtiennent leur dé supplémentaire si ils chargent sur 1 hex (et plus sur 2 hexs).
Très bien ! Petite anecdote :

http://www.humanite.fr/1990-10-11_Artic ... ET-LA-BETE

Oubli l'aspect moralisateur de l'article. Pour avoir vu la course à l'époque, l'homme "Daniel Sangouma" partait plus vite, mais se faisait rattraper. La course est donc devenue un 60 mètres, et l'homme s'est fait encore rattrapé par le cheval.

Cela signifie que l'homme a une meilleure capacité d'accélération, moins d'inertie due à sa masse, mais la capacité d'accélération du cheval est suffisante pour qu'au bout de 40 m ou 50 ù il dépasse les 30 km d'un champion de course.
Pour les wargamers, cela veut dire qu'une charge qui part à proximité de l'ennemi aura une vitesse moyenne à peine supérieure à l'homme à cause de l'inertie du cheval (moins de 50 mètres). Hors c'est pendant ces derniers 50 mètres que le fantassin va tirer sur le cavalier pour "stopper" la charge.
Si la charge se fait à proximité de l'ennemi, les fantassins auront donc plus de temps pour viser correctement, d'où l'intérêt des charges qui partent de loin avec une vitesse initiale, qui permet alors d'avoir une vitesse moyenne dans le dernier 100 mètres supérieures à une charge démarrant dans ces 100 mètres, ce qui limite le temps de réaction de l'infanterie.

A notre échelle un hex est largement suffisant pour avoir de l'impact (peut-être même trop selon l'échelle que l'on se donne pour les hex).

pilum
Messages : 140
Inscription : Lun Juil 23, 2007 2:38 pm

Message par pilum » Sam Août 09, 2008 9:04 pm

Je rappelle quand même que la réussite d'une charge n'a rien à voir avec la vitesse, ou l'impact, ou l'inertie. JAMAIS on n'a vu, sauf à hollywood, des cavaliers venir impacter un rang de pauvres fantassins.

La charge est affaire de moral, ensuite de moral, et enfin de moral.

Ceux qui ont peur de la charge fuient AVANT l'impact et se font tuer lors de la...poursuite. Ceux qui n'ont pas peur tiennent sur place, et dans ce cas c'est la cavalerie qui s'arrête, et qui repart d'où elle vient.

Un cheval, qui n'est pas bête, ne va jamais de lui-même s'impacter sur un mur de lance ou de baionnette. Un éléphant, qui est encore moins bête, va repartir en arrière dès la vue (de loin) du mur de piques dressé devant lui (témoignages nombreux dans l'antiquité). C'est pour cela que les éléphants n'ont pas fait long feu militairement (en plus d'évidentes raisons logistiques et de dressages).

L'important dans une charge, c'est la force morale qui se dégage du mur de cavaliers en train d'avancer. Il faut donc que ce mur soit le plus ordonné possible. Donc les meilleures charges se font au trot pour que la cavalerie ne soit pas en désordre (et les poursuites se font éventuellement au galop, mais c'est une autre affaire).

Allez chez un fermier qui possède de grands chevaux (de cavalerie lourde donc), fermez les yeux, et imaginez un type de la taille d'un rugbyman et avec un énorme sabre qui avance vers vous, monté sur ce grand cheval. J'ai fait l'expérience avec un grand cheval (originaire d'Amérique je crois) et c'était...impressionnant.

Quand est-il de la longueur d'une charge ? Cette longueur de charge qui apparait dans tant de wargames, et qui n'est pas bien comprise des wargameurs. La longueur d'une charge est très importante. Pourquoi ?
Pour la vitesse ? NON !
Tout simplement pour laisser au pauvre fantassin d'en face le temps de gamberger et de réfléchir. D'où l'importance d'avancer au trot pour laisser le temps de la réflexion. Mais rien n'empêche non plus d'avancer au galop sur les derniers mètres pour accroitre la peur...
Une charge a 2 conséquences:
1) le fantassin défèque
2) le fantassin tire, en général mal et de trop loin. Résultat : moins de munitions quand le cavalier arrive très près, trop près. D'où le début de panique...

3 mots pour terminer :
A) La force du fantassin Britannique, le meilleur au monde à cette époque, est qu'il défèque, mais qu'il ne tire pas tout de suite. Il RETIENT son feu jusqu'à l'instant ultime, et effectue ensuite une salve dévastatrice à bout portant. Les officiers Anglais avaient compris que tant qu'un fantassin ne tirait pas, il avait tendance à moins céder à la panique.
B) La lance permet d'augmenter l'impact moral de la cavalerie en train d'avancer. D'où l'utilisation de la lance par la cavalerie Britannique au milieu du 19ème siècle, alors qu'il n'y avait pas de lanciers dans la cavalerie Britannique durant les guerres napoléoniennes.
C) Observez les CRS lors des émeutes urbaines. Ceux ci chargent calmement, de façon ordonnée. Devinez pourquoi...
charger ou périr !

cruchot
Messages : 855
Inscription : Mar Août 28, 2007 1:57 pm
Localisation : normandie-Juno Beach

Message par cruchot » Sam Août 09, 2008 9:27 pm

Pilum, j'ai une approche un peu moins anale concernant le biffin face au cavalier :

Cas 1 ; les biffins n'ont pas vu ou vu trop tard les cavaliers et "c'est sauve qui peut", "sous les arbres" ou "à terre" (mauvaise pioche si lanciers) + pampers, cela fait plus de fuyards que de morts dans les faits sauf si encerclement (cf cannes)

Cas 2 : "En carré", c'est la sécurité, on est sec, maintenant le pépin qui fera faire sous soi c'est le canon ou les biffins d'en face avec les cavaliers en maraude.

A Waterloo des bataillons anglais ont resséré les carrés au fur et à mesure des pertes au point d'être incapables de changer de formation à la fin de la bataille sans avoir vu un français à 50m (cas du bataillon qui a proportionnellement subit les plus fortes pertes à la bataille +50% sans avoir vu les français de près)
"Il est tout aussi impossible de décrire une bataille que de décrire un bal" Wellington

Avatar de l’utilisateur
Thierry Melchior
Messages : 4016
Inscription : Dim Juin 19, 2005 3:26 pm
Localisation : 10 (Aube)
Contact :

Message par Thierry Melchior » Sam Août 09, 2008 11:01 pm

Cette discussion est sujette à polémique, je m'en retire donc.
Dernière édition par Thierry Melchior le Ven Sep 05, 2008 1:24 pm, édité 1 fois.
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. »
Jean Jaurès, Ve Congrès socialiste international, Paris, 1900
———

Site de jeu d'histoire et d'Histoire de 1700 à 1850
Forum S&B

Avatar de l’utilisateur
Korre
Messages : 864
Inscription : Jeu Fév 01, 2007 6:56 pm
Localisation : Nantes

Message par Korre » Dim Août 10, 2008 3:06 am

Je rappelle quand même que la réussite d'une charge n'a rien à voir avec la vitesse, ou l'impact, ou l'inertie. JAMAIS on n'a vu, sauf à hollywood, des cavaliers venir impacter un rang de pauvres fantassins.
Oui et non, disons qu'holliwood exagère la violence des combats, et que tu es probablement trop catégorique. :lol:
C'est un peu comme si tu disais qu'il n'y avait jamais d'accidents de voitures.
La charge est affaire de moral, ensuite de moral, et enfin de moral.
En même temps le moral n'est pas une entité indépendante, il dépend beaucoup de ce qui se passe autour.
Un cheval, qui n'est pas bête, ne va jamais de lui-même s'impacter sur un mur de lance ou de baionnette.
Vrai et faux, un cheval indemne n'ira pas le faire, mais un cheval rendu "fou" par une blessure préalable si, et de fait indépendamment de sa volonté peut aller "défoncer" une partie de la formation.
L'important dans une charge, c'est la force morale qui se dégage du mur de cavaliers en train d'avancer. Il faut donc que ce mur soit le plus ordonné possible. Donc les meilleures charges se font au trot pour que la cavalerie ne soit pas en désordre (et les poursuites se font éventuellement au galop, mais c'est une autre affaire).
Je suis parfaitement d'accord avec toi à ce sujet. Je voulais juste préciser que la vitesse "de pointe" lors d'une charge est rapidement atteinte.
Pour cette raison je ne comprenais pas ton choix des une case voire des deux, excepté pour des raions d'équité au niveau ludique.
C'est pour cela que les éléphants n'ont pas fait long feu militairement (en plus d'évidentes raisons logistiques et de dressages).
En Méditerranée, d'accord, la course à l'éléphant tournant plutôt en défaveur de celuiq ui en alignait le plus. Par contre pour l'Inde, ou l'Indochine, je n'y connais rien donc je n'irai pas prononcer sur la durée de sa présence historique, qui peut entre autre s'étaler sur milles ans.

J'ajoute que les éléphants utilisés par Hannibal ne sont pas "Indiens", mais d'afrique du nord, sous espèce africaine* plus modeste que l'éléphant de la savane. (disparue aujourd'hui)
Cette disparition n'est certainement étrangère à la dispariton des éléphants sur nos champs de bataille occidentaux.

Tout simplement pour laisser au pauvre fantassin d'en face le temps de gamberger et de réfléchir. D'où l'importance d'avancer au trot pour laisser le temps de la réflexion. Mais rien n'empêche non plus d'avancer au galop sur les derniers mètres pour accroitre la peur...
Je suis un peu sceptique, à mon sens une charge "surprise" aura plus d'impact, et les fantassins n'auront pas l'option de se mettre en carré, et l'officier pris au dépourvu n'aura pas le temps de calmer le vent de panique qui s'ensuit.

Mais pourquoi, le temps hésitation peut faire craquer !
A) La force du fantassin Britannique, le meilleur au monde à cette époque, est qu'il défèque, mais qu'il ne tire pas tout de suite. Il RETIENT son feu jusqu'à l'instant ultime, et effectue ensuite une salve dévastatrice à bout portant. Les officiers Anglais avaient compris que tant qu'un fantassin ne tirait pas, il avait tendance à moins céder à la panique.
B) La lance permet d'augmenter l'impact moral de la cavalerie en train d'avancer. D'où l'utilisation de la lance par la cavalerie Britannique au milieu du 19ème siècle, alors qu'il n'y avait pas de lanciers dans la cavalerie Britannique durant les guerres napoléoniennes.
C) Observez les CRS lors des émeutes urbaines. Ceux ci chargent calmement, de façon ordonnée. Devinez pourquoi...
Un aspect technique du carré britannique : théoriquement, le bataillon de 800 hommes, forme un carré avec une "profondeur" de 4 rangs, contre deux pour la ligne.

Question technique : qu'elle est la profondeur des carrés des autres nations, traditionnellement sur trois rangs pour la ligne ? (trois, six ou autres ???)

Autre aspect technique, je pense que si les charges se partent de si loin, on va dire 400 mètres , c'est énormément lié à la portée des armes à feu de l'époque. A cette distance les armes individuelles ne tirent pas de manière efficace. Ce qui permet à la cavalerie d'attendre en réserve sans risquer de se faire user par le feu de l'infanterie, mais restant relativement proche pour intervenir en cas de coup dur.

J'ajoute que nos deux points de vue, technique ou psychologique, ne sont pas là pour se faire concurence, mais pour tenter de comprendre certaine chose.

Vu la longuer de ta réponse j'ai le sentiment que tu as pris mon analogie comme une basse attaque, ce qui n'était pas le cas.

C'est très intéressant en fait de savoir qu'un fantassin prendra plus rapidement de la vitesse qu'un cheval, surtout s'il doit changer de formation rapidement. (pour passer d'une ligne à un carré)

A cruchot
A Waterloo des bataillons anglais ont resséré les carrés au fur et à mesure des pertes au point d'être incapables de changer de formation à la fin de la bataille sans avoir vu un français à 50m (cas du bataillon qui a proportionnellement subit les plus fortes pertes à la bataille +50% sans avoir vu les français de près)
Anecdote très intéressante, qui souligne un point très important, une unité aura moins tendance à craquer si elle subit des pertes progressivement, plutôt qu'en quelques salves dévastatrices.

A Thierry Melchior
À Pilum et Cruchot, je suis d'accord avec vous deux, notamment à propos du relâchement des sphincters ( mdr), mais je ne flooderai pas sur le sujet de Korre.
Très importants le relachement des sphincters, d'un on allège son propre, avantage qui se traduit par une course plus rapide en cas de fuite, et une meilleure agilité en cas de combat. :)
Si en plus tu ajoutes à ce fait que l'adversaire hésite à s'approcher à cause des odeurs, tu gagnes une capacité défensive imprévue, type mouflette. :D
Je terminerai sur ce fait très important qu'en cas de blessure à l'intestin, la probabilité de septicémie est moindre ! :lol:

Pour finir sur quelque chose d'intelligent, ou du moins qui en à l'air, je pense que le lancier est plus efficace face aux formations serrées de l'infanterie que le cavalier armée uniquement d'un sabre, étant donné l'allonge de l'arme, il est plus facile pour le cavalier de piquer qu'avec un sabre. L'attaque de taille du sabre sera surtout efficace durant la fuite.

On a là justement un avantage des lanciers qui peuvent harceler un carré fraîchement formé, opération bien plus compliquée et douloureuse pour les autres cavaleries. Une piste à suivre en terme ludique !

pilum
Messages : 140
Inscription : Lun Juil 23, 2007 2:38 pm

Message par pilum » Dim Août 10, 2008 9:39 am

A cruchot :
Mort de rire ! :D
Ma vision intestinale des choses était là pour détruire le mythe des belles charges hollywoodiennes.
J'ajoute qu'un carré donne un sentiment de sécurité et que cela renforce le courage face à une charge.

D'ailleurs nul besoin d'être forcément en carré pour repousser une charge de cavalerie. On a vu des formations en ligne (bataille d'essling) repousser des attaques de cavalerie. Il suffit que la formation en ligne soit sécurisée aux ailes pour qu'elle ne soit pas tournée.
Sur ce je retourne à mes pampers ! :wink:

A Korre :
Je ne me suis pas senti visé par quelque attaque que ce soit. D'ailleurs j'ai tenu rapidement compte de tes remarques sur mes variantes. Et je continuerai dans ce sens.
Non j'ai simplement voulu rappeler aux jeunes wargamers les réalités historiques de la charge. Pour aller dans ton sens, il faut quand même noter que les cuirassiers étaient la seule cavalerie à qui ils arrivait de temps en temps d'aller vraiment au "contact" de l'adversaire.

Un livre à lire pour les plus jeunes (entre autre) : "anatomie de la bataille" de John Keegan, universitaire Anglais.
charger ou périr !

cruchot
Messages : 855
Inscription : Mar Août 28, 2007 1:57 pm
Localisation : normandie-Juno Beach

Message par cruchot » Dim Août 10, 2008 9:45 am

Pour "le carré invulnérable" britannique je suis moyennement convaincu. C'est un peu l'image d'Epinal de Waterloo où les carrés ont laissé quand même cinq drapeaux (lesquels sont théoriquement au centre). AMHA, les carrés russes, français, autrichiens ou prussiens tenaient aussi bien ou aussi mal quand ils étaient transformés en nids à boulets.
"Il est tout aussi impossible de décrire une bataille que de décrire un bal" Wellington

Avatar de l’utilisateur
Korre
Messages : 864
Inscription : Jeu Fév 01, 2007 6:56 pm
Localisation : Nantes

Message par Korre » Dim Août 10, 2008 2:04 pm

A Pilum
A cruchot :
Mort de rire !
Ma vision intestinale des choses était là pour détruire le mythe des belles charges hollywoodiennes.
J'ajoute qu'un carré donne un sentiment de sécurité et que cela renforce le courage face à une charge.
Entre le film Waterloo, et le le film the patriot, il doit y avoir un juste milieu dans le "réalisme". Entre des combats archi sanglants de l'un et des combats qui me semblent un peu mou de l'autre...mon couer balance !
D'ailleurs nul besoin d'être forcément en carré pour repousser une charge de cavalerie. On a vu des formations en ligne (bataille d'essling) repousser des attaques de cavalerie. Il suffit que la formation en ligne soit sécurisée aux ailes pour qu'elle ne soit pas tournée.
Oui une ligne à l'arrêt aura le même effet baïonnette que le côté d'un carré !
Je ne me suis pas senti visé par quelque attaque que ce soit. D'ailleurs j'ai tenu rapidement compte de tes remarques sur mes variantes. Et je continuerai dans ce sens.
Non j'ai simplement voulu rappeler aux jeunes wargamers les réalités historiques de la charge. Pour aller dans ton sens, il faut quand même noter que les cuirassiers étaient la seule cavalerie à qui ils arrivait de temps en temps d'aller vraiment au "contact" de l'adversaire.
Pas de problème, je voulais juste tester ton humeur ! :lol:

Il y a le cas à Austerlitz d'un régiment de Hussards qui brise un bataillon de grenadier* Russe (ou peut-être de lignards). Deux possibilités, le carré s'est formé en retard, et l'escadron s'est engoufré dans la brèche, ou les feux russes ont blessé des chevaux ou des cavaliers, qui perdant tout contrôle ont littéralement percuté le carré créant la brèche, ou iront s'engoufrer les hussards.
Ce fait d'arme se passe assez tard dans la bataille, tactiquement parlant c'est déjà mort pour les austro-russes, qui fait que d'autres données peuvent se cumuler, tir de d'infanterie ou de mitraille.
Un livre à lire pour les plus jeunes (entre autre) : "anatomie de la bataille" de John Keegan, universitaire Anglais.
Merci pour l'ouvrage !

Mes dires et mes choix se basent essentiellement sur Clausewitz. Sur les coprs à corps, il dit la même chose que toi, c'est à dire que l'affaire est vite réglée par l'ascendant moral.
Il faut malgré tout prendre en compte le fait que Clausewitz est "spectateur" de certaines bataille.
Lors d'une confrontation "équilibrée" comme Eylau, le moral des troupes est entamé de manière similaire de chaque côté. Ce qui signifie que les corps à corps seront moins décisif, avec une volonté d'en découdre identique pour les deux camps.
Les 10 000 cavaliers de Murat chargeant les lignards Russe, les cas de fracassage entre cavaliers et fantassins ont du être plus fréquents que pour la campagne de 1806.
(la fougue de Murat et la sainte Vodka y sont surement pour quelques choses)

Aussi durant cette bataille, un carré français se fait littéralement bouffé.

A Cruchot
Pour "le carré invulnérable" britannique je suis moyennement convaincu. C'est un peu l'image d'Epinal de Waterloo où les carrés ont laissé quand même cinq drapeaux (lesquels sont théoriquement au centre). AMHA, les carrés russes, français, autrichiens ou prussiens tenaient aussi bien ou aussi mal quand ils étaient transformés en nids à boulets.
Tout à fait d'accord.

cruchot
Messages : 855
Inscription : Mar Août 28, 2007 1:57 pm
Localisation : normandie-Juno Beach

Message par cruchot » Dim Août 10, 2008 4:19 pm

Pour faire une synthèse concernant les charges d'un point de vue personnel. Lorsqu'un ordre de charge est donné à un corps ou une division de cavalerie on peut distinguer les étapes suivantes :

- les généraux déterminent un itinéraire qui le plus souvent essaie d'exploiter les angles morts et d'aborder la ligne adverse selon un angle où l'efficacité de son artillerie sera minimisée. Puis les dispositions de formation à adopter sont prises

- dans le même temps se forme la batterie de soutien, surtout à partir de 1807-1809, qui va pilonner la ligne adverse là où la charge doit frapper. On oublie souvent que les batailles du 1er Empire contiennent les balbutiements des préparations d'artillerie qui verront leur apogée lors de la 1ère GM. Ces tirs visent à culbuter l'artillerie adverse et à semer le désordre dans l'infanterie.

- La cavalerie se met en branle, au trot et arrive le moment important où le tir de soutien va s'arrêter et où la cavalerie va entrer dans la zone de mort. Plus l'intervale de temps entre l'arrêt du pilonnage et l'atteinte de la ligne adverse est bref plus la probabilité de trouver des troupes en difficulté est forte. En plus, la capacité de riposte adverse s'en trouve d'autant réduite.

A partir de là, les choses deviennent confuses car la cavalerie adverse ne va pas rester passive et va charger à son tour les cavaliers. On va donc avoir des combats cavaliers contre cavaliers et cavaliers contre fantassins, les choses se faisant par vagues successives.

On peut ajouter que la charge de cavalerie peut être appuyée par de l'infanterie et de l'artillerie qui finiront aussi en carré face aux contre-charges.

Sur une table ce sont des moments denses.
"Il est tout aussi impossible de décrire une bataille que de décrire un bal" Wellington

Avatar de l’utilisateur
Siaba
Moderateur
Messages : 5169
Inscription : Sam Avr 21, 2007 1:27 pm
Localisation : Albi (81)
Contact :

Message par Siaba » Dim Août 10, 2008 7:25 pm

C) Observez les CRS lors des émeutes urbaines. Ceux ci chargent calmement, de façon ordonnée. Devinez pourquoi...
Mauvais exemple à mon avis: il ne faut pas mélanger maintien de l'ordre (ou on essaye de rétablir l'ordre en faisant le moins de dégât possible parmis eux d'en face) et la guerre (ou on essaye d'en tuer le plus possible).
Les CRS avancent lentement pour rester en formation et laisser aux manifestants le temps de partir/rentrer chez eux/se disperser. Quand ils chargent véritablement, ils chargent assez vite, tout en essayant de maintenir la formation donc faut reconnaître que ça reste assez lent.
Pour les charges rapides, il y a un élèment spécialisé (S.P.I), chargé de sortir des rangs et d'aller très rapidement interpeller un ou des meneurs.
C'est un peu hors sujet mais je voulais rétablir la vérité historique :mrgreen:
When I go home, people ask me, "Hey Hoot, why do you do it, man? You some kind of war junkie?" I won't say a goddamn word. Why ? They won't understand why we do it. They won't understand it's about the men next to you... and that's it.

Avatar de l’utilisateur
Thierry Melchior
Messages : 4016
Inscription : Dim Juin 19, 2005 3:26 pm
Localisation : 10 (Aube)
Contact :

Message par Thierry Melchior » Lun Août 11, 2008 10:02 am

Cette discussion est sujette à polémique, je m'en retire donc.
Dernière édition par Thierry Melchior le Ven Sep 05, 2008 1:25 pm, édité 1 fois.
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. »
Jean Jaurès, Ve Congrès socialiste international, Paris, 1900
———

Site de jeu d'histoire et d'Histoire de 1700 à 1850
Forum S&B

Avatar de l’utilisateur
Korre
Messages : 864
Inscription : Jeu Fév 01, 2007 6:56 pm
Localisation : Nantes

Message par Korre » Lun Août 11, 2008 12:39 pm

A Thierry
On ne va pas se battre pour un bouton de guêtre quand même… et encore moins pour l'endurance d'un cheval…
:lol: , si très important pour déterminer l'intensité de la cavalerie ! :wink:

Le corps à corps n'a lieu que si la volonté d'en découdre est absolument égale chez les deux adversaires (hommes ou bandes, ou unités ou armées ou nations), dès qu'il y a une différence, avant ou pendant le corps à corps, la volonté la plus forte gagne le combat.
Techniquement le conditionnement psychiologique joue énormément.
Il y a un exemple dans "de la guerre" très frappant.
Au moyen age le moindre canon avait un aspect psycholigque bien plus importnat que l'époque que l'on traite. Du coup au 18ème et au début du 19ème, le feu à un impact moindre sur le moral, mais le stoïcisme des unités fait que les pertes sont très importante face au feu.
A l'inverse un corps à corps est vite bouclée et ne fait que peu de pertes, mais déssoude le moral adverse en créant des brèches dans la ligne de front.

Je me demande si rapport n'est pas inversé durant la guerre 100ans, ou les soldats conditionnés à se battre au corps à corps y vont gaiement, et fuit au premier coups de feu à poudre noire !
:D

Mon idée est que le temps que l'on passe à conditionner une troupe au feu, est du temps de moins pour les corps à corps.

Sinon pour Hollywood, les faits qu'ils présentent ne sont pas systèmatiquement faux, ils ne sortent pas ex nihilo du crâne du scénariste (pour les fims de guerre un peu sérieux).
Pour aggrandir le côté spectaculaire ils vont partir des faits exceptionnels, des exceptions qui confirment la règle, et zoomer sur ce phénomène.
Pour autant le phénomène n'est pas forcément inexact, mais juste qu'il est filmé de manière improbable, dans le sens ou le volume de ce faits peut être marginal dans une bataille, alors qu'il sera la règle dans le film pour donner un côté spectaculaire à l'action.

Pour autant si le cas de fracassage entre un cheval et une ligne de fantassins armés de baïonnettes est marginal, c'est aussi cette exception qui confirme la règle qui va influencer le moral d'une unité. Etant donné que d'instinct, un homme sait qu'un cheval de plus de 300kg lancé à 30 km, fait bobo ! C'est pour le moins aussi agréable que de se faire faucher par une R5 lancé à 20 km... Si en plus on ajoute un cavalier qui fait le con avec un sabre au dessus... :?
Dernière édition par Korre le Lun Août 11, 2008 2:28 pm, édité 1 fois.

Avatar de l’utilisateur
Duke Frederik
Messages : 80
Inscription : Dim Juil 16, 2006 5:47 pm
Contact :

Message par Duke Frederik » Lun Août 11, 2008 1:42 pm

J'aime bien le titre du topic... on dirait le titre d'une régle de m'sieur Walktapus !!! :P

cruchot
Messages : 855
Inscription : Mar Août 28, 2007 1:57 pm
Localisation : normandie-Juno Beach

Message par cruchot » Lun Août 11, 2008 9:34 pm

Duke Frederik a écrit :J'aime bien le titre du topic... :P
c'est vrai que cela en débouche un coin :lol: :lol:

ok :arrow: :arrow:
"Il est tout aussi impossible de décrire une bataille que de décrire un bal" Wellington

Avatar de l’utilisateur
Euthanasor
Messages : 231
Inscription : Sam Août 30, 2008 4:25 pm
Localisation : Finistère sud

Message par Euthanasor » Sam Août 30, 2008 4:45 pm

Thierry Melchior a écrit :Pour « évacuer » cette histoire de sphincters, Korre a bien expliqué la réaction physique propre (si je puis dire) au règne animal dont nous faisons, bien entendu, partie !
Pour l'anecdote, les soldats qui avaient un besoin urgent pendant la bataille devaient AVANCER devant le front de l'unité pour s'exécuter (la notion de pudeur n'était pas la même qu'à notre époque, les hommes étaient plus naturels, moins hypocrites).
Désolé d'en remettre une "couche" :lol: MAIS:
Le besoin urgent dont il s'agit là, n'est pas celui du combattant qui a le choix et le loisir d'aller à l'écart pour préserver son pantalon. C'est la situation de la personne soumise à un stress tel, qu'à son insu, son système nerveux sympathique prend le dessus sur son système nerveux parasympathique afin de mobiliser en lui, la totalité de ses moyens, pour survivre.
La digestion et la maîtrise de ses sphincters, passent alors à la trappe. C'est ainsi qu'environ 5 à 6% des personnes soumises à un stress intense peuvent êtres prises de tremblements incontrôlables, de vomissements, d'urinations ou de défécations involontaires.

Source: http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/p ... le_feu.pdf

que je vous invite d'ailleurs à lire et à méditer car, assez intéressant pour toute personne cherchant à simuler des batailles réalistes. Ce travail bat en brèche nombre d'idées reçues.

Répondre

Revenir vers « Révolution et Empire - Histoire, organisation, ordres de bataille, uniformes et armements »