La planche de Rousselot
1/ Maréchal d'empire* en petit uniforme (tenue de ville ou de société)
2/ Maréchal d'empire en frac (tenue de campagne)
3/ Maréchal d'empire en petit uniforme**
4/ Maréchal Bessières*** en tenue de colonel-général de la cavalerie de la Garde
5/ Maréchal d'empire en redingote
* les petites tenues de général en chef et de maréchal d'empire ne diffèrent l'une de l'autre que par d'infimes détails : le bâton de commandement (bâton de maréchal) n'est pas seulement tenu par le titulaire puisqu'on le retrouve sous la forme de deux bâtons croisés sur l'épaulette ainsi que sur l'ensemble du boutonnage ;.
** l'absence de broderies le long des coutures est caractéristique du petit uniforme. Les poches ne sont pas visibles, dissimulées par le nœud et les glands de la ceinture écharpe de commandement.
*** le futur duc d'Istrie, jeune capitaine du 22° régiment de chasseurs cheval, fut choisi par Bonaparte à l'issue de la bataille de Rivoli, lors de la première campagne d'Italie pour constituer et commander sa compagnie de guides. Après la campagne d’Égypte et le coup d'état du 18 brumaire, la compagnie fut portée à deux escadrons et devint régiment de chasseurs à cheval qui intégra la garde consulaire. Le régiment participa alors aux cotés des grenadiers à cheval à la bataille de Marengo. En 1804, la Garde devint impériale, et le régiment, devint celui des chasseurs à cheval de la garde impériale.
A l'instar de son maître, Jean-Baptiste Bessières porte ici la petite tenue de colonel des chasseurs à cheval de la Garde.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Descendan ... ol%C3%A9on
Comme tous les officiers de cavalerie de la Garde il porte les aiguillettes sur l'épaule droite. Le pantalon et le gilet écarlate rehaussé de brandebourgs correspondent à la tenue datant de 1800 alors que Bessières commandait le corps en qualité de chef de brigade comme le rappellent les cinq galons en piques de la culotte.
Ainsi la tenue du maréchal Bessières, si extraordinaire soit-elle, n'est pas unique puis-qu’outre Napoléon lui-même, l'habit de colonel de chasseurs à cheval est également à la base de la tenue de colonel-général des chasseurs à cheval (de la ligne) du général Emmanuel Grouchy.
https://12emechasseurs.clicforum.com/t9 ... rouchy.htm
Son uniforme n'est donc rien de plus que sa tenue de chef de corps du régiment des chasseurs à cheval de la garde rehaussé des insignes de maréchal d'Empire.
Au moment de la campagne de 1809, Bessières quitta l'Espagne, où se trouvait encore la cavalerie de la Garde, pour rejoindre l'Empereur en Bavière et prendre la tête de la réserve de cavalerie. Il ne portait pas alors cette tenue mais la petite tenue si l'on en croit le peintre Antoine-Jean Gros qui le représente blessé au coté de l'Empereur à la bataille de Wagram.
https://www.pinterest.fr/pin/76490893654234520/
La photographie de l'habit et de la veste amène plusieurs observations.
Postérieure à 1805, du fait du collet et des parements bleus l'habit est celui d'un officier général puisque les broderies d'or sont en feuilles de chênes et les baguettes en branches de chênes. Les deux rangs de broderie au collet et aux parements distinguent un général de division ou un général en chef. Il semble pourtant que le second rang de broderie ne correspond pas au dessin habituel de celles-ci.
La largeur des broderies de boutonnière de 60 mm à gauche correspondent bien à la grande tenue, ce que confirment les broderies des coutures de manches, toutefois ces broderies, différentes du modèle habituel, ne se retrouvent pas à droite du boutonnage selon la même largeur. Le boutonnage lui même pose question car je ne dénombre que huit boutons alors que le règlement en prévoit neuf. Le diamètre des boutons lui même me semble plus étroit que sur les uniformes d'officiers généraux présents dans les collections nationales.
La veste blanche présente des broderies que n'autorise que la grande tenue. En revanche leur largeur me semble supérieure au trois centimètres prévus par les textes.
Les boutons sont peu visibles mais je n'y distingue pas les bâtons croisés d'un maréchal d'empire. Peut-être représentent-ils les trophées propres aux officiers généraux.
En conclusion
Bien que reprenant les codes de la grande tenue des généraux de division français, cet ensemble ne correspond pas à ce que prévoit le règlement de l'an XII.
Hypothèses
Durant les campagnes de la révolution et de l'Empire, des uniformes ont été confectionnés localement hors du territoire français que ce soit en Égypte, en Allemagne , en Italie ou en Espagne. Les tailleurs locaux ne disposant pas des croquis annexés au règlement de l'an XII ont du improviser, d'autant plus que la matière première (la cannetille par exemple) devait être rare.
Par ailleurs de nombreuses armées se trouvant dans la sphère d'influence française se sont inspirées (quant elles n'ont pas copié) des uniformes français. Il est possible que nous soyons en présence du grand uniforme d'un général de division allié à la France tel le royaume de Westphalie ou d'une nation annexée à l'empire français tel la Hollande.