Les champs du Michaelsberg

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tizizus
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Les champs du Michaelsberg

Message par tizizus » Dim Nov 21, 2010 10:29 pm

Quelque part en Allemagne, septembre 1759.

La Prince Fafa a quitté le camp de l'Archiduc, avec quelques fidèles aides de camp, pour une sombre histoire de comté. En effet, l'Impératrice avait refusé sa demande d'attribution des comtés d'Analheim et de Foufberg, qu'il estimait justifiée après sa conduite contre les anglo-hanovriens.

Comme le lui avait remarquer l'Archiduc, sa conduite avait été peu glorieuse dans ces deux batailles. Furieux, le prince était parti. Parti tel le Grand Condé en son temps, passé chez L'Ennemi. Pas à l'ennemi. Chez THE ennemi. Parti à Berlin offrir ses services au Roi Frédéric II de Prusse (et ses sévices aux dames de la cour, mais c'est une autre histoire…)

Et le roi lui avait confié une armée prussienne pour déloger l'Archiduc Tiziberg de ses positions, et en finir avec la présence autrichienne dans la région.

Après une affaire comme celle-ci, l'Impératrice a déclaré solenellement qu'elle ne l'admettrait de nouveau à sa cour que s'il présentait ses excuses à plat ventre devant elle. Et pour couronner le tout, l'établissement de Madame Lulu, en plus d'être surveillé étroitement par la police secrète de Vienne, perd l'un de ses meilleurs clients.

Entre-temps, l'Archiduc avait trouvé un remplaçant de luxe en la personne du neveu du prince Fafa, le prince Foufou, que l'attaché militaire de Sa Majesté Louis XV au quartier-général impérial avait surnommé Prince Foufoune, ce qui le faisait bien rire. Et tout l'état-major impérial avec lui, sans toutefois bien comprendre les raisons de cette hilarité.

Au 15 septembre, les hussards du comte Ecezizi avaient rapporté que de fortes masses de cavalerie bleues (comprendre donc prussiennes) descendaient du Brandebourg par la route de Kassel. L'Archiduc ayant décidé de se porter à sa rencontre après avoir intégré un nouveau contingent hongrois en remplacement du dernier, plus quelques milliers de soldats allemands recrutés dans les environs, il s'arrêta le long d'une belle rivière au flots boueux, derrière un étroit mais profond canal d'irrigation. Un petit village, répondant au doux nom de Schnekberg, et séparé de la rivière par une position haute, complétait la position. Le prince Foufoune avait beaucoup aimé le village, sans pouvoir dire pourquoi…

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L'archiduc avait décidé de faire une bulle défensive en prenant appui à une grosse forêt impénétrable répondant au nom du Michaelswald (quoiqu'avec le prince Fafa…) sur sa droite, et à la rivière sur sa gauche. Le comte Koronesheim tenait le village avec ses dragons et grenzers, le prince Foufoune était sur ses derrières avec ses 40 escadrons, moitié cuirassiers, moitié dragons, et l'infanterie impériale s'étendait du village au Michalswald en un vaste arc de cercle. Les hussards complétaient ce dispositif en étant un peu en avant de l'infanterie. Au total, près de 60 bataillons réguliers et irréguliers, ainsi que 100 escadrons, dont 40 de hussards, attendaient de pied ferme le prince Fafa et ses nouveaux amis, soit environ 40000 fantassins et 12000 cavaliers.

Les prussiens, venus du nord, s'étaient déployés à la suite des autrichiens. Les deux ailes de cavalerie encadraient la première ligne d'infanterie, tandis que la seconde ligne, plus réduite, se tenait à l'arrière gauche de la première. Au total, 36 bataillons et 70 escadrons, soit 21000 fantassins et 9000 cavaliers environ, allaient partir à l'assaut d'une forte position tenue par plus de 50000 impériaux (dont, il est vrai 8 à 9000 irréguliers).

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Le soleil éclairait la plaine. Dieu avait-il choisi son champion, l'éclairant de sa divine lumière? Le prince Foufoune, presqu'autant pieux que son oncle, aurait déclaré : "les prussiens sont dans le trou de Dieu..."


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Une vue sur le centre prussien



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Le prince Foufoune attend les ordres au milieu de ses cavaliers.



La bataille s'engage vers 10h00 du matin, au son des tambours, fifres et autres instruments. Des cris joyeux et avinés se font entendre pendant que les hussards galopent vers l'infanterie prussienne, dans le but de la forcer à se déployer, et de faire donc gagner du temps à l'Archiduc, pour développer sa propre attaque. Il est vraiment fort cet Archiduc, il l'a fait à tous ses adversaires, et ils se font tous... comment dire... [CENSURE].



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Une vue depuis les lignes prussiennes. Ca n'a pas l'air très impressionnant, comme ça, le hussard, mais qu'est ce que c'est bien d'en avoir...

L'infanterie impériale entame son mouvement qui va transformer sa ligne en arc de cercle, et le prince Foufoune commence une vaste manœuvre par la gauche, par les hauteurs, pour attaquer la gauche prussienne, composée des valeureux, et quelque peu indisciplinés, cuirassiers du général Von Chargit.



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L'armée Impériale à la manoeuvre sous l'oeil averti de leur Archiduc vénéré, celui qui ne les a jamais conduits à la défaite...

L'armée (disons plutôt l'infanterie) prussienne réagit promptement, et la première ligne se déploie ET avance (caractéristique de l'infanterie prussienne). La cavalerie semble moins concernée par ce qui se passe… Pendant que les cuirassiers passent sur place de colonne à ligne, le général commandant les dragons semble être parti cueillir quelques pâquerettes pour une jeune et aimable paysanne de la région...


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Les hussards ont mal mesuré leur mouvement, et vont recevoir une première décharge de mousqueterie à longue portée… Même à longue portée, 8 bataillons prussiens (2 brigades MR) qui tirent sur une pauvre et innocente brigade de hussards hongrois qui passait par là (10 escadrons environ), ca troue le cul...

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La preuve!!! Ils n'ont pas demandé leur monnaie...

Pendant ces premiers tirs, le prince Fafa fait manoeuvrer sa belle cavalerie.

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Vue depuis la gauche prussienne, cuirassier déployés au premier rang, dragons et hussards derrière. L'archiduc utilise le déploiement inverse. Ca doit être la marque des grands génies...

Au fond, on peut voir les grosses masses de l'infanterie impériale, et quelques tirailleurs.

Et on peut dire que le prince Fafa, il l'aime sa cavalerie.

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La preuve!!!

L'armée impériale avance, et les légers prennent position dans le fossé. Ils exécutent quelques tirs précis sur les cuirassiers prussiens, soutenue en seconde ligne par les dragons. L'infanterie autrichienne en profite pour se déployer et le prince Foufoune de faire une nouvelle pause pipi (il aura raté au total près d'un ordre sur 3, ce qui pour un général +2 est digne de se retrouver dans les annales).

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Sans doute plus qu'énervés par le tir précis provenant de ces roseaux le long du fossé, les fiers cuirassiers décident d'éradiquer la vermine. Mais, tel la chevalerie française à la bataille des éperons d'or (minute Kultur gratuite), ils vont se faire culbuter par les gaillards hongrois bien en position... La cavalerie prussienne, ayant bien entamé les hongrois, va se reformer hors de portée de feu...

Pendant ce temps là, les hussards, libres de leurs mouvement, ont marché sur la gauche, pour tenter de prendre les dragons par le flanc. Pendant que les soiffards à pieds énervent les cuirassiers, les braillards à cheval vont tourner autour des dragons.

Vers midi, les autrichiens ont achevé leur déploiement. Leur infanterie est en place, les hussards n'ont pu envelopper les dragons et vont entamer leur grande migration. Le prince Foufoune, quant à lui, semble avoir hérité de son oncle sa propension à faire n'importe quoi… Il charge quand il doit attendre, et attends quand il doit attaquer. L'Archiduc lui expédie un ordre sec : "Obéissez aux ordres". Pour s'assurer de son exécution rapide, l'officier porteur de l'ordre est accompagné d'un peloton d'exécution…

Les prussiens quand à eux, suivent leur plan, leur cavalerie lourde fixe la gauche autrichienne, pendant que leur infanterie arrive au fossé, suite à une longue montée d'un faux plat très traître. Leurs dragons, sur leur gauche, commencent à maîtriser les hussards, et réussissent presque à les acculer au Michaelswald...

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Vue d'ensemble de la bataille. On voit nettement au premier plan la cavalerie du prince Foufoune, les longues lignes de l'infanterie autrichienne et prussienne, et au fond, les hussards et les dragons, aux prises dans une danse virevoltante. Et au premier plan, un document très secret de l'Archiduc...

L'infanterie prussienne franchit maintenant le fossé. Les soldats autrichiens voient enfin les fiers régiments prussiens, dont ils ne faisaient que deviner l'avance au son monotone des tambours. L'Archiduc fait distribuer des noix dans les rangs de l'infanterie…

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Le prince Fafa semble désabusé par sa cavalerie lourde, dont le commandant, Von Chargit, est aussi efficace que son homologue, le prince Foufoune... Désirant la faire charger une seconde fois et en finir avec ses insolents qui le canardent depuis le fossé, Von Chargit se met à la recherche de bégonias...

La cavalerie lourde prussienne continue donc de se faire tirer dessus (Von Chargit ayant ramené sa cavalerie à portée de feux pour flanquer son infanterie qui avancait), mais finit tout de même par se retirer à quelque distance. Le prince Fafa préfère les conserver en état, au vu de la grande masse de cavalerie autrichienne fraîche qui déboule au grand trop par sa droite.

Pendant ces quelques facéties, l'infanterie prussienne se déploie en position de tir. Les premiers échanges de coup de feu ne sont guère mortels, peut-être parce que le commandant des dragons prussiens n'a rien trouvé de mieux que de se mettre dans l'axe de tir de son infanterie, empêchant ainsi une brigade de grenadiers de tirer… Le prince Foufoune lance son assaut, puissant, sur l'extrême droite du dispositif prussien. La cavalerie résiste plutôt bien, mais menacé de flanc par le prince Foufoune et ses lourds, et de front par les grenzers et dragons du comte Koronesheim, elle rétrograde pas à pas, laissant beaucoup de monde sur le terrain. Les hussards du comte Ecezizi, sont finalement passés de la droite autrichienne à la gauche, galopant derrière leur infanterie. Leur nouvelle mission va être de déborder constamment les prussiens par la gauche (autrichienne), pendant qu'ils reçoivent charges sur charges de la cavalerie lourde impériale. 12000 cavaliers autrichiens couvrent maintenant la plaine.

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On voit nettement que le centre et la droite prussienne accentuent leur pression, mais que la droite commence à avoir du mal à remplir son rôle. La conjugaison des tirs des hongrois et des charges de la cavalerie lourde remplit son œuvre, sans compter l'écrasante supériorité numérique.

La pression de la cavalerie impériale sur la droite prussienne est trop forte, d'autant que les hussards vont bientôt se mettre en position de l'envelopper complètement, pendant que la cavalerie lourde l'attaquera de deux côtés… La position devenant intenable, le prince Fafa fait rétrograder sa cavalerie lourde en potence avec l'infanterie, et fait mettre sa réserve d'infanterie, destinée initialement à percer l'infanterie autrichienne au centre, en colonne pour aller suppléer à la cavalerie lourde, qui n'est déjà plus que l'ombre d'elle même.

Au centre, l'infanterie prussienne décime méticuleusement de ses tirs précis l'infanterie autrichienne, qui lui rend tout de même certains de ses coups. Les dragons prussiens, sur l'aide droite prussienne, préparent l'avance de l'infanterie, en affaiblissant la première ligne autrichienne. Toute la première ligne autrichienne est maintenant sévèrement diminuée, et mûre pour une vigoureuse avance prussienne à la baïonnette.

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On voit clairement sur cette vue large où portent les efforts des deux camps.



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Mais le prince semble très soucieux… La pression autrichienne est en effet très forte, et il sait qu'il a subi des pertes au centre...

Le prince Foufoune et les comtes Ecezizi et Koronesheim accentuent la pression. Mais alors qu'ils pensaient avoir gagné la bataille, ils voient se déployer, calmement et de manière très disciplinée, une douzaine de bataillons prussiens frais, qui recueillent les débris de la cavalerie cuirassée prussienne.

Au centre, l'infanterie prussienne a très sévèrement entâmé la première ligne autrichienne, les pertes montent de façon inquiétante. Mais, alors que l'infanterie autrichienne semble sur le point de perdre pied, les grenadiers montrent l'exemple. Une brigade prussienne trop avancée et très entamée est évaporée par une vigoureuse charge à la baïonnette. Ces braves grenadiers le paieront de leur vie, mais une brèche béante est ouverte dans le dispositif prussien, à l'angle de la potence, et une deuxième brigade de grenadiers cherche à s'y engouffrer.

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C'est le momentum de la bataille. L'infanterie autrichienne au centre et sur la droite perd pied, mais les grenadiers montent à l'assaut, et créent d'inquiétantes brèches dans le dispositif prussien. Les dragons ont été retirés de l'aile gauche pour venir au secours de l'aile droite (qui s'est transformée, du coup, en centre arrière…)

Mais l'infanterie autrichienne cède sous les coups de boutoirs des fantassins prussiens. Les bataillons exsangues se regroupent pour aller défier la seconde ligne autrichienne, presqu'entièrement fraîche...

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La première ligne autrichienne a entièrement disparu, une courageuse brigade allemande fait rempart de ses rangs pour protéger leur Archiduc chéri, qui leur rend bien.

Mais la deuxième ligne autrichienne monte à l'assaut, emportant plusieurs brigades prussiennes à la baïonnette. L'Archiduc s'apprête à donner l'ordre de la saignée, mais la nuit tombe plus vite ici qu'en Autriche.

La nuit tombe, mais l'armée prussienne a atteint son seuil de rupture. Elle tient au moral, et va se retirer, avec près de 50% de pertes, vers Berlin pendant la nuit. L'armée autrichienne, dont la cavalerie est épuisée, tient son terrain, et offre une nouvelle bataille pour le lendemain… Mais le lendemain, le prince Fafa est reparti.

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On voit ici les positions à la tombée de la nuit. Il manquait deux impulsions à l'armée impériale pour pulvériser les débris prussiens, dont beaucoup étaient à 1, 2 ou 3 points de cohésion (sur 7 en moyenne) de la déroute…

Après cette journée de bataille, le prince Fafa pouvait encore compter sur 14000 hommes environ, alors que l'Archiduc en avait encore sous la main près de 25000 hommes. Les pertes avaient été sévères dans les deux camps,mais beaucoup de ces pertes reviendront dans les jours et semaines suivantes (déroutes, traînards, blessés légers...)

L'Impératrice Marie-Thérèse est fière de son armée d'Allemagne.

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par Nicofig » Lun Nov 22, 2010 6:15 am

C'est excellent Fred, vivement que nous puissions réunir tout cela sur le site dédié :wink:

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par tizizus » Lun Nov 22, 2010 10:09 pm

Il y en a encore un autre dans les tuyaus. Il va falloir que je pense à les faire moins polissons pour le site :mrgreen:

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par spontz91 » Mar Nov 23, 2010 8:42 pm

les photos sont plus visibles que sur ton blog fred :D

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par tizizus » Mar Nov 23, 2010 8:48 pm

Faut cliquer dessus sur le blog, et il y a une limite de taille...

C'est pour cela que je mets sur les deux, ca me prends pas beaucoup plus de temps

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par le samouraï fou » Mar Nov 23, 2010 10:56 pm

Toujours aussi sympa tes rapports. Belle bataille, et les Autrichiens ont bien oeuvré :D !

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par tizizus » Mar Nov 23, 2010 11:35 pm

Merci Gio

Dimanche dernier, ils ont encore mieux oeuvré

Et ce sera bientôt ici et sur mon blog (je ne donne plus de date, je n'ai jamais respecté une dead line... chuis pas fait pour)

A quand un de tes cr sur age of reason?

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Re: Les champs du Michaelsberg

Message par le samouraï fou » Mer Nov 24, 2010 5:19 pm

Pas avant janvier sans doute :wink: . Beaucoup de périodes différentes au club :D !

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