30 et 31-10-1813 : Victoire à HANAU (ALLEMAGNE).

[jacknap1948]

30 et 31 Octobre 1813 : Victoire à Hanau (Allemagne)./b]



Les 30 et 31 Octobre 1813, à Hanau (Allemagne), les Corps Austro-Bavarois commandés par Karl Philipp Von Drede (1767-1838) Feld Maréchal Bavarois attaquent l'armée Française de Napoléon I°.

Victoire Française, la route de Francfort est ouverte.



LES AMIS DU PATRIMOINE NAPOLÉONIEN.

[jacknap1948]

Après la campagne de 1809 Napoléon avait conférer à Karl Pilipp Fürst von Wredre le titre de comte de l'Empire.

A l'issue de la bataille d'Hanau et aux vues des dispositions prises par le field marshall il lâcha ce commentaire lapidaire :"pauvre de Wrede, j'ai pu en faire un comte mais pas un général".

[jacknap1948]

Bernard,

Maréchal est une dignité, général est une fonction, c'est que pouvait vouloir dire Napoléon.
Combien de maréchaux furent de piètres généraux ?

Sur TMP, des posts remettant en cause la victoire de Hanau, mais avec un biais johnsonien post brexit, de la mauvaise foi quoi!

Gboue

[jacknap1948]

Merci à Gilles Boué pour son intervention. Pour être tout à fait exact je dois tout de même prèciser que Karl Philipp von Wrede ne fut élevé à la dignité de feld-marshall qu'en 1814, à la chute de Napoléon. Je gage que Bernard, en lecteur attentif, n'avait pas manqué de relever ce détail. Mais s'agissant d'un homme disparu depuis longtemps j'ai souhaité le restitué dans ses titres, grades et dignités, ceux là mêmes qu'il avait atteint au terme de sa vie.

S'agissant de la bataille de Hanau le gain de la journée du 30 octobre 1813 ne faisant aucun doute, peut-être la polémique tourne-t-elle autour de la journée du lendemain à l'issue de laquelle les troupes coalisées reprendront finalement Hanau ?

Le 31 octobre 1813 en milieu de matinée, Napoléon poursuit sa retraite en direction de Francfort et du Rhin. Il est accompagné de la Garde et des corps de Sébastiani, de Macdonald et de Victor.
Il laisse autour de Hanau quelques batteries d'artillerie pour renforcer le VI° corps de Marmont qui doit attendre le corps de Bertrand et la jeune garde sous Mortier. Ceux-ci ferment la marche des troupes françaises depuis Leipzig.

Dans la matinée; renforcé du III° corps de Souham, Marmont s'empare de Hanau et de ses faubourgs. Bientôt les troupes de Bertrand arrivent et relèvent celles de Marmont qui décrochent en direction de Francfort emmenant avec lui les III° et VI° corps. Le IV° corps de Bertrand désormais seul s'est donné un peu d'air, il contrôle désormais la zone allant du Sud de Hanau jusqu'au Main avec la division italienne de Fontanelli. A l'Est la division de Guilleminot tient le débouché du pont de Lamboi sur la Kinzig. La division de Morand est placée en réserve. Les troupes austro-bavaroises de de Wrede sont stationnées au sud de Hanau entre le Main et la forêt de Lamboi.

Vers 14 h. comprenant qu'il n'a plus devant lui qu'un faible rideau de troupes, de Wrede engage six bataillons d'infanterie autrichiens dont un de grenadiers pour reprendre Hanau, le tout soutenu par un régiment de hussards lui aussi autrichien. Simultanément deux régiments d'infanterie, l'un bavarois l'autre autrichien appuyés par 32 pièces d'artillerie doivent s'emparer du pont de Lamboi.

A 15 h, les 12 canons des généraux Morand et Guilleminot bien disposés balaient de leur mitraille le tablier du pont. L'attaque est repoussée à trois reprises. Bientôt, ses longerons en partie sciés, sont incendiés par les français, le pont cède sous le poids des coalisés précipitant ceux-ci dans la Kinzig. Nombre d'entre eux s'y noient. Une centaine de bavarois qui étaient parvenus à franchir le pont sont faits prisonniers.

L'attaque de la ville conduite par de Wrède lui même connaît d'abord quelques succès. Repoussant les italiens de Fontanelli, les autrichiens pénètrent dans la ville par la porte de Nuremberg tandis que les hussard inondent la plaine. De Wrede se dirigent alors vers l'est en direction de la Kinzig et du pont de Lamboi pour en prendre possession.

Il est 16 h, l'artillerie de Morand tire à mitraille sur les coalisés qui s'avancent en colonne serrée. Un flottement se fait sentir chez les autrichiens. C'est alors que de Wrede est touché. Grièvement blessé d'une balle au ventre, il doit être évacué loin des faubourgs de la ville de Hanau qui flambent. Le Feldmarshall-lieutenant, baron Fresnel prend alors le commandement. Il suspend l'attaque et ordonne le repli général.Toute l'infanterie autrichienne reflue alors. Le pont sur la Kinzig finit de se consumer tandis que la neige tombe drue.

La lutte a été âpre et les combats ont été acharnés en particulier dans les rues de Hanau menant au pont de Lamboi, mais l'offensive des coalisés a partout été contenue et finalement repoussée. Mortier et la jeune garde ont pu contourner Hanau plus au Nord et file sur Francfort. Vers 19 h. sa mission de retardement accomplie le IV° corps de Bertrand décroche et se replie dans la nuit sans être davantage inquiétée. Le lendemain 1er novembre, les coalisés entrent dans Hanau abandonné par les troupes françaises.

Après la bataille de Leipzig, le commandant en chef de l'armée bavaroise avait une occasion unique et historique de bloquer la retraite de l'armée impériale. A l'instar de l'amiral Tchitchakov sur les bords de la Bérézina un an plus tôt il n'a pu empêcher Napoléon de s'ouvrir une route vers le Rhin. Battu le 30 octobre par l'Empereur, le voilà de nouveau battu le lendemain par un ses généraux pourtant en sous effectif flagrant.

Quelle victoire !!!!

Durant la bataille il perd son gendre le prince von Dettingen-Sielberd qui servait à ses cotés en qualité d'aide de camp. Grièvement blessé et évacué du champ de bataille il termine la journée au fond de son lit. Au comble de malchance il perd son commandement et lorsqu'en 1814 il pense être remis voilà que sa blessure se rouvre.

Décidément l'Empereur avait vu juste. « pauvre de Wrède ».

Sources :
Les grandes batailles de l'histoire Hanau, 1813 de Jean Tramson aux éditions Socomer
Des batailles et des hommes Hanau & Montmirail de Jean-Pierre Mir chez Histoire et Collections
1813 la campagne d'Allemagne de J. Tranié et J.C. Carmigniani aux éditions Pygmalion
La campagne de 1813 de G. Clément A. Daniel & collectif aux éditions Quatuor
Hors série n°18 Tradition Magazine Hiver 1813 Napoléon rejeté derrière le Rhin de Pierre Juhel

[jacknap1948]

Salut et merci LE CHEVALIER et Gilles BOUÉ pour ces compléments utiles.

[jacknap1948]

Maréchal est une dignité, général est une fonction, ...
Gboue

Certes, certes!
Pour l'armée française!
Mais est-ce vrai dans toutes les armées?
Je me posais la question...

[jacknap1948]

C'est sûr, j’aurais dû écrire « Maréchal de France », la question est intéressante pour les autres nations, peut être que Lechevalier aura des réponses.

Pour ma part, Wedre était un mauvais général en chef, un bon divisionnaire sous les ordres d'un Maréchal français pourquoi pas !

Gboue

[jacknap1948]

Je suis assez d'accord avec le jugement de Gilles Boué. Il me semble que les critiques que l'on peut adressées à de Wrede sont de deux ordres.

• au niveau opératique
  
  . il a détaché une division à Francfort et une brigade à Würzbourg. Ces deux grandes unités lui auraient pourtant été bien utiles lorsque Napoléon surgissant de la Forêt de Lamboi submergea le corps austro-bavarois le 30 octobre 1813.
  
  . la logistique était mal organisée et les parcs mal approvisionnés à telle enseigne qu'au bout d'une heure de duel d'artillerie les canons coalisés se sont tus faute de munitions laissant au général Drouot l'opportunité de déployer son artillerie et d'ouvrir à la grande armée la route de Hanau.
  
  . Bien qu'il disposa d'une importante cavalerie il n'a pas su l'employer pour se renseigner sur la marche de l'Empereur supposant que l'armée française était en déroute et qu'il suffirait de lui barrer la route pour obtenir sa reddition.

• au niveau tactique
  
  . il a adopté un dispositif linéaire sans grande imagination, coincé entre la forêt de Lamboi et la rivière Kinzig.
  
  . il a omis de coordonner son action avec le Streifcorps du colonel autrichien Mensdorf et les corps de partisans russes essentiellement cosaques des généraux Orloff-Denisoff et Czernitcheff regroupant une vingtaine d'escadrons et opérant au Nord de Hanau.
  
  . le 31 octobre plutôt que de prendre d'assaut la ville de Hanau il aurait pu se contenter de la contourner par l'ouest afin de couper au français la route de Francfort. Peut-être aurait-il évité ainsi d'être blessé mais ceci est pure spéculation de ma part.

[jacknap1948]

Le tout premier maréchal de France apparaît sous Philippe-Auguste en 1185. C'est alors une sorte d’écuyer en charge des chevaux. Très vite il devient le second du connétable, chef des armées du Roy mais il s'agit encore d'une fonction temporaire. C'est François 1er qui l'attribue à vie. Après la suppression de la connétablie par Louis XIII en 1627, la fonction devient la première dans l'armée française. En 1680 est crée la charge de maréchal-général ; chef des maréchaux de France.

Au nombre de deux sous Saint Louis, les maréchaux de France seront vingt sous Louis XIV. Supprimé sous la première République Napoléon rétablit la charge de connétable* et la dignité de maréchal d'Empire au lendemain de sa proclamation, le 19 mai 1804. Initialement au nombre de quatorze, Napoléon y ajoutera quatre maréchaux honoraires, vieilles gloires de la République. Durant l'Empire huit autres généraux recevront cette dignité.

Pour répondre à la question de Bernard, on peut passer en revue les commandants en chef des armées alliées ou ennemies de l'Empire français.

Wellington : Général fieldmarshall d'Angleterre, d'Espagne et du Portugal
Blücher : Généralfeldmarschall du royaume de Prusse
Schwarzenberg : Généralfeldmarschall de l'empire Autriche-Hongrie
Kutusov : Généralfeldmarschall de l'empire russe
de Wedre : Généralfeldmarschall du royaume de Bavière
Daendels : Maréchal du royaume de Hollande

En Saxe le titre reste vacante entre 1775 et 1871. Au Danemark la fonction a été abolie définitivement en 1660. En Italie elle n'existe pas. Napoléon Empereur des français est aussi roi d'Italie et Eugène de Beauharnais son beau-fils est tout à la foi vice-roi et général en chef de l'armée italienne. Il n'y a donc pas de place pour un maréchal italien.

Concernant le grade ou la dignité il faut comprendre que la révolution française et l'Empire se déroulent à une époque ou l'essor de l'industrie et le taux de natalité sont tels qu'ils vont permettre la création d'armées de dimension inconnue jusqu'alors. Au concept du citoyen soldat et de la levée en masse vont répondre le phénomène des landwehrs et des milices. De son coté le corps des généraux reste figé avec deux grades et trois fonctions. La recréation du maréchalat par la France s'inscrit dans la nécessité de récompenser les généraux les plus méritants. A cet égard, comme à bien d'autre, c'est le pays vainqueur qui souvent donne le ton. De même que toutes les nations européennes se sont inspirés de l'armée prussienne à l'issue de la guerre de sept ans, la France victorieuse est imitée à son tour durant la révolution et l'Empire.

Les monarques ont une autres façon de montrer leur gratitude en attribuant des titres nobiliaires et des fiefs à leurs sujets méritants. Napoléon lui même ne s'en privera pas en établissant une noblesse d'Empire. Depuis François 1er et à l'instar des princes du sang, des pairs du royaume et des cardinaux, les maréchaux de France sont appelé par le roi « mon cousin ». Cette proximité qu'affiche le monarque montre combien il s'agit d'une dignité semblable à celle que confère un titre et non d'un grade. L'un et l'autre vont souvent de pair toutefois on notera que certains maréchaux d'Empire ne sont pas anoblis tel Jourdan, et que d'autres n'ont qu'un titre de comte sans attache particulière tel Brune, Serrurier, Pérignon, Gouvion-Saint-Cyr ou Grouchy.

* au profit d'Alexandre Berthier

[jacknap1948]

Pour compléter la citation de Lechevalier, et c'est étrange dans la mesure où je travaillais hier sur le même sujet dans le cadre d'une publication à venir en 2023

Depuis 1185, il y a eu 342 maréchaux de France dont le dernier a été nommé à titre posthume en 1984, Marie Pierre Koenig.

Gboue