02-12-1805 : NAPOLÉON I° triomphe au soleil d'Austerlitz (Autriche).

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jacknap1948
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02-12-1805 : NAPOLÉON I° triomphe au soleil d'Austerlitz (Autriche).

Message par jacknap1948 » Lun Déc 02, 2024 7:53 am

2 décembre 1805 : NAPOLÉON I° triomphe au soleil d'Austerlitz (Autriche).



Le 2 décembre 1805, un an jour pour jour après son sacre, l'empereur Napoléon I° remporte à Austerlitz sa victoire la plus éclatante.

En quelques heures, sous un soleil hors saison, il vainc deux autres empereurs, Alexandre I°, tsar de Russie, et François II de Habsbourg-Lorraine, empereur d'Autriche et titulaire du Saint Empire romain germanique (ou empereur d'Allemagne).

Austerlitz est appelée pour cela bataille des Trois empereurs.


Prémices de la bataille.

Au milieu de l'année 1805,une troisième coalition se forme contre la France.

«Ne pouvant frapper la tête de la coalition, l'Angleterre, Napoléon en frappera le bras, l'Autriche» (Jean Tulard, Les révolutions).

Le 3 septembre, renonçant à traverser la Manche, l'empereur entraîne à grandes enjambées la «Grande Armée» à la rencontre des armées austro-russes.

Napoléon I° vainc les Autrichiens à Ulm, en Bavière, le 20 octobre.

Puis il entre triomphalement à Vienne le 14 novembre (c'est la première fois de son Histoire que la capitale des Habsbourg doit s'incliner devant un conquérant).

Pendant ce temps, le général russe Koutouzov se replie au-delà du Danube.


Le piège.

Le 19 novembre, l'avant-garde française dépasse Brünn (aujourd'hui, Brno, chef-lieu de la Moravie, en république tchèque) et atteint le village d'Austerlitz, 9 kilomètres plus loin. Face à elle, 73.000 à 86.000 Austro-Russes.

En infériorité numérique, les Français, malgré leur avance foudroyante, sont dans une situation inconfortable, d'autant qu'une armée autrichienne menace d'arriver d'Italie sous le commandement de l'archiduc Charles.

Napoléon I° veut contraindre l'ennemi à la faute pour le vaincre dès que possible.

Le 28 novembre, à la surprise de ses maréchaux, il demande à Murat, Lannes et Soult d'abandonner le plateau du Pratzen, de haute valeur tactique.

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Cette manœuvre de repli apparaît aux yeux de l'ennemi comme un aveu de faiblesse.

Le 29 novembre, Napoléon, de mauvaise humeur, reçoit le prince Dolgorouky et lui propose un armistice.

Mais les Russes se montrent trop exigeants et le dialogue est rompu.

L'empereur décide donc de provoquer la bataille à l'endroit qu'il a choisi avant que les Austro-Russes aient le temps de concentrer toutes leurs forces.


Le plateau du Pratzen.

Le 1° décembre, Napoléon peut compter sur 75.000 hommes.

L'essentiel est positionné entre le plateau du Pratzen et Brünn.

Les coalisés, qui tiennent maintenant le Pratzen, aspirent à reprendre l'avantage en bousculant cette armée.

Seul contre tous les autres généraux, Koutouzov a deviné la ruse de Napoléon mais ses avertissements ne sont pas entendus.

Napoléon passe la nuit à attendre dans un bivouac qu'illuminent les flambeaux de paille des soldats, soucieux d'éclairer l'empereur au gré de sa tournée d'inspection.

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Au petit matin, comme prévu, 40.000 hommes Austro-Russes descendent du Pratzen pour attaquer la partie la plus faible du dispositif français.

Mais, tapies dans le brouillard, deux divisions du maréchal Soult vont décider du sort de la journée.

Profitant de ce que les colonnes ennemies descendent du plateau, elles tombent sur leur flanc et plusieurs régiments s'établissent sur les hauteurs du Pratzen.

La Garde impériale russe tente une violente contre-attaque.

Mais Napoléon I° accompagné de son état-major et de sa propre Garde la repousse. La lutte pour le Pratzen est terminée.


L'hallali.

Pendant ce temps, l'aile droite russe, débordée, arrive à se retirer sans que Bernadotte ait pu bloquer sa retraite.

C'est la seule déception que Napoléon gardera de cette journée.

L'aile gauche, quant à elle, est prise en étau par la Garde et les divisions de Soult installées sur le Pratzen.

Des soldats russes tentent de traverser un lac gelé mais la glace se rompt, bombardée par l'artillerie de la Garde.

Ils se noient tristement, le nombre de ces victimes s'élève à quelques centaines.

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Il ne reste plus à la Garde impériale qu'à compléter la victoire, tandis que se lève un splendide soleil, en milieu de journée.

Les pertes des alliés austro-russes sont très lourdes, au total 7.000 tués.

Les Français comptent 1.288 morts.

Le 26 décembre, l'Autriche conclut la paix à Presbourg (aujourd'hui Bratislava, en Slovaquie).

C'est la fin de la troisième coalition.

50 drapeaux enlevés à l'ennemi vont orner la voûte de l'église Saint-Louis des Invalides.

Le bronze des 180 canons ennemis est employé pour fondre la colonne Vendôme, à Paris (il s'agit d'une copie de l'antique colonne Trajane qui célèbre à Rome la victoire de l'empereur romain sur les Daces).



Une semaine d'Histoire du 2 Décembre 2024 au 8 Décembre 2024 avec Herodote.net
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).



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Re: 02-12-1805 : NAPOLÉON I° triomphe au soleil d'Austerlitz (Autriche).

Message par LECHEVALIER » Mer Déc 04, 2024 10:40 am

Fabienne Manière a écrit
Le 29 novembre, Napoléon, de mauvaise humeur, reçoit le prince Dolgorouky et lui propose un armistice. 
Mais les Russes se montrent trop exigeants et le dialogue est rompu. 
L'abandon du plateau de Pratzen et l'entrevue avec le prince Dolgorouky font partie d'une même manœuvre de déception qui comprend donc
  • une manœuvre de diversion : l'abandon du plateau de Pratzen
  • une manœuvre d'intoxication : laisser croire à l'envoyé du Tsar que l'armée française affaiblie et éloignée de ses bases est trop faible pour affronter l'armée coalisée. Que son chef cherche à la sauver et se sauver lui-même par la voie diplomatique et tente à travers cet armistice à gagner du temps.
  • La troisième composante de cette manœuvre, plus tactique cette fois, consiste à présenter une faiblesse sur sa droite précisément à proximité de sa ligne de communications avec Vienne afin d'y attirer les colonnes russes et autrichiennes.
Après avoir positionnée l'armée austro-russe sur le plateau de Pratzen en l'abandonnant l'avant veille et l'avoir incitée à engager la bataille la veille, l'Empereur dresse lui même le plan que l'infortuné général Franz von Weyrother présentera le soir même devant l'état-major coalisé, croyant en être l'auteur.

Il faut dire à la vérité que l'Empereur d'après ses ordres mêmes pensait que la décision se ferait plus au Nord du champ de bataille, d'où les dispositions qu'il prit pour fortifier et occuper la colline du Santon qu'il imaginait lui servir de pivot et qui en définitive ne jouera aucun rôle de toute la bataille. Quant au malheureux Weyrother, il ne fit que réciter une leçon bien apprise. Le champs de bataille d'Austerlitz servait en effet depuis longtemps de terrain de manœuvre à l'armée autrichienne qui pensait tout savoir du terrain et de son emploi.
Seul contre tous les autres généraux, Koutouzov a deviné la ruse de Napoléon mais ses avertissements ne sont pas entendus.
La réunion d'état-major des coalisées a lieu, la veille au soir, au quartier général de Koutousov, installé dans une petite maison du village de Krenowitz. Elle débute fort tard car on attend le général Bagration. Il était minuit passé quand un aide de camp vint prévenir que le prince ne pourrait venir. Koutousov ordonna de commencer. Il était déjà à moitié endormi et n'écouta que d'une oreille distraite. Lorsque la réunion prit fin il dormait tout à fait se souvient le général Langeron.

A quel moment le général Koutousov devina-t-il le plan de Napoléon ? Dans ses rêves nimbés d'alcool ou une fois la bataille terminée ? J'ai assisté à de nombreuses réunions d'état-major mais pas à celle-ci. Le général Langeron lui y était. Fabienne Manière y était peut-être aussi ? Au vue de ses photos, c'est possible. Mais dans ce cas, elle serait la doyenne de l'humanité !!!!! .
Et puis qui peut croire ne serait-ce qu'un instant que s'il avait eu l'intuition de ce que l'Empereur préparait, Koutousov n'en aurait averti ni le Tsar ni l'Empereur d'Autriche ?
Napoléon passe la nuit à attendre dans un bivouac qu'illuminent les flambeaux de paille des soldats, soucieux d'éclairer l'empereur au gré de sa tournée d'inspection.
Il faudrait savoir. De deux choses l'une : soit Napoléon passe la nuit à attendre au bivouac, soit il fait une tournée d’inspection mais il ne peut à la fois être statique et mobile ou alors il possède le don d'ubiquité. Merci Madame Manière d'avoir éclairé notre lanterne c'est une faculté de l'Empereur que nous ne connaissions pas.

L'attaque au centre et la conquête du plateau du Pratzen sont une affaire d'opportunité que sut saisir l'Empereur du fait du brouillard qui masquait son attaque. La percée au centre et l'encerclement de l'aile gauche austro-russe, qui n'apparaissent pas dans ses ordres écrits, en sont la suite logique.

Ainsi après la manœuvre de déception mise en place par l'Empereur, c'est moins la capacité d'anticipation que celle d'adaptation de Napoléon qu'il faut saluer dans cette victoire.
La Garde impériale russe tente une violente contre-attaque. Mais Napoléon I° accompagné de son état-major et de sa propre Garde la repousse.
Non définitivement non. Napoléon est resté sur son tertre du Zuran durant toute la bataille. Il n'a pas mené la contre attaque de la Garde. D'ailleurs, seule la cavalerie de la Garde impériale fut engagée contre la cavalerie de la Garde russe qui avait bousculé le 4° de ligne et lui avait enlevé une aigle. Les régiments de grenadiers à cheval et de chasseurs à cheval ainsi que l'escadron de mamelouks furent menés par le général Jean Rapp en qualité d'aide de camp de l'Empereur, puis par Bessières lui même, pour rétablir une situation un instant compromise.

Rydley Scott n'avait pas osé, Fabienne Manière l'a fait !

Il faut reconnaître à Madame Manière deux choses : Une imagination fertile et un mérite évident: celui d'offrir à Ridley Scott des circonstances atténuantes. Si le cinéaste s'est entouré de semblables conseillers historiques on comprend mieux son invraisemblable Napoléon.
Des soldats russes tentent de traverser un lac gelé mais la glace se rompt, bombardée par l'artillerie de la Garde. 
Il y a beau temps que cette légende ne tient plus. D'abord parce qu'il ne s'agit pas d'un lac mais d'étangs en l'occurrence les étangs de Satschan, dédiés à la pisciculture et dont la profondeur n’excède jamais la poitrine d'un homme. Par ailleurs les russes ont l'habitude de se sortir de semblable situation en se donnant le bras ce qui implique qu'ils lâchèrent leurs fusils et se débarrassèrent de leurs équipement. Enfin ni l'artillerie de la Garde ni l'artillerie de la ligne n'ouvrir le feu. C'est l’excès de poids résultant de l’afflux d'hommes, de chevaux, de canons et de divers voitures qui fit céder la glace. Lorsque après la bataille, Napoléon vint sur le plateau de Pratzen et découvrit la situation il se dirigea vers les étangs et découvrant un sous-officier russe blessé, allongé sur une plaque de glace ordonna qu'on lui vienne en aide.
Marbot raconte comment ayant donné son avis devant tous et à haute voie, il se vit bientôt contraint d'aller lui même chercher le malheureux sous les yeux de l'Empereur et en fut quitte pour une bonne bronchite. Mais avec Marbot il faut rester prudent.

En découvrant la situation le général Dokhtourov fit faire demi-tour à ses troupes vers Telnitz que les français venaient tout juste de reprendre. Il se dirigea alors vers le Sud-est en longeant les berges entre les étangs de Melnitz et de Satschan couvrant son mouvement par deux régiments de cavalerie, les chevau-légers O'Reilly et les hussards de Szeckler. Il ne fut pas inquiété durant sa retraite, pas même par l'artillerie française puisqu'elle n'était pas là.

Quelques jours plus tard sur ordre de Suchet, nommé entre temps gouverneur de Brünn, l'étang fut vidé afin d'en retirer les chevaux morts de froid littéralement soudés par leurs harnachement aux voitures et aux pièces embourbées dans la vase. L'opération dura cinq jours. La baisse des eaux de l'étang supérieur d'Aujezd permis de retirer 36 canons, 138 chevaux et 3 cadavres des étangs de Satschan. Dans son rapport à l'Empereur Suchet indique que « ce sont les seules choses qu'il ait été possible de découvrir ».

Si une quelconque artillerie avait ouvert le feu sur la cohue des hommes et des chevaux assez nombreux pour faire céder la glace qui peut croire qu'il n'y aurait eu que trois morts?
Quel dommage que notre historienne préférée n'ait pas eu connaissance de ce rapport.
Les pertes des alliés austro-russes sont très lourdes, au total 7.000 tués. 
Les Français comptent 1.288 morts.
Un récent décompte des pertes françaises d'après Danielle et Bernard Quentin s'appuyant sur les états de situation des unités établit à chaque quinzaine, mais aussi les états de service individuels des soldats et officiers donne le chiffre de 1537 tués et mortellement blessés durant la bataille soit un général (Morland), 109 officiers et 1428 sous-officiers et soldats. A ce chiffre s'ajoutent les blessés qui décéderont plus tard à l’hôpital, tel le général Valhubert mortellement touché, de sorte que le total des morts se situerait plutôt entre 1800 et 1900. La totalité des pertes morts, blessés et disparus de la Grande Armée serait alors de 9 à 9500 hommes.

Les pertes coalisées sont nettement plus difficiles à établir tant il est bien plus compliqué à une armée vaincue et en retraite d'établir l'état de ses effectifs. Le Chiffre de 3 à 4000 tués n'est qu'une évaluation à laquelle s'ajoute autant de blessés graves. Ils correspondent sans doute aux 6440 blessés restés dans les hôpitaux autrichiens, (la différence provenant des combats antérieurs). Le chiffre des blessés suivant leur régiment mais hors de combat s'évalue ainsi à 8000. Avec les prisonniers on estime alors entre 25 et 28000 le nombre de russes mis hors de combat et 6000 le nombre d'autrichiens. L'armée austro-russe comptait 91.000 hommes au matin du 2 décembre. Les pertes correspondent donc à plus d'un tiers de cet effectif. Ce total ne tient pourtant pas compte des disparus qui, se retirant par petits groupes ou en individuel, eurent à subir la cruauté des paysans moraves qui se vengèrent ainsi des rapines dont ils avaient été victimes précédemment. L'armée française victorieuse n'eut pas à courir pareil danger. Confrontés à ce péril, certains russes préférèrent passer par la Hongrie et en profitèrent à l'occasion pour déserter.
50 drapeaux enlevés à l'ennemi vont orner la voûte de l'église Saint-Louis des Invalides. 
Selon les données françaises la Grande Armée se serait emparée de 45 emblèmes (29 russes et 16 autrichiens) Pour le général Andalenko (français d'origine russe) le nombre de drapeaux complets (étoffes et hampes) se situerait plutôt entre 14 et 17. Faut-il croire que le chiffre de 45 emblèmes comprenne aussi les hampes sans étoffes ?

Ce décompte est d'autant plus difficile que pour les français l'étoffe n'est rien, seul compte la hampe et surtout le « coucou » (l'aigle) qui la couronne. Pour l'ensemble des coalisés au contraire seul compte l'étoffe, la pique et la hampe n'ont aucune valeur. Les mémoires des militaires de l'époque abondent de récits où certains tentent de dissimuler à l'ennemi, avec plus ou moins de succès qui une aigle, qui une étoffe, selon sa nationalité, arrachée au drapeau pour la dissimulée sous son habit. Quoi qu'il en soit je ne vois pas à quoi correspondent les 50 drapeaux revendiquées par Fabienne Manière sinon à une approximation de plus.

Comme chacun l'a compris Fabienne et moi, cette année encore, nous ne passeront pas la Noëlle ensemble.


Sources : Austerlitz la victoire exemplaire Frédéric Bey aux Éditions Quatuor
Tradition Magazine Hors série n°22 la campagne de 1805 Austerlitz Patrice Ranaud
Gloire & Empire n°27 novembre-décembre 2009 Austerlitz 1805 Oleg Sokolov
Austerlitz 1805 le soleil de l'aigle par le docteur F.G. Hourtoulle chez Histoire & collections
Napoléon et la Russie (1805-1807) J. Tranié et J.C. Carmigniani aux Editions Copernic

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Re: 02-12-1805 : NAPOLÉON I° triomphe au soleil d'Austerlitz (Autriche).

Message par jacknap1948 » Mer Déc 04, 2024 12:56 pm

Salut Patrick.
Merci encore pour ces précisions et compléments.
Par contre je n'ai lu nulle part le nom de Fabienne Manière et ne sais donc pas qui a écrit l'article.
Bon appétit et bonne fin de journée.
Jacques.
À mon très grand ami Patrice († 58).
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